Les constructions anarchiques dans le lit du fleuve, à Mopti, empêchent le passage de l’eau et peuvent être à l’origine des inondations. Elles mettent en lumière, plus que tout, un manque de respect de la règlementation en matière de construction, qui menace le fleuve.
La situation géographique de la ville de Mopti, entourée d’eau, pousse souvent les populations à se rendre coupable de pratiques qui n’augurent rien pour l’avenir. Le fleuve Niger joue un rôle important dans les activités économiques de la ville. Mais, une menace sérieuse plane sur sa survie : les constructions anarchiques dans le lit.
Ces constructions bloquent le passage de l’eau. Le nombre élevé de la population par rapport au nombre restreint de parcelles à usage d’habitation a pour conséquence l’occupation illicite des servitudes.
Risques d’inondation
« Il y a une partie de la ville où nous avons des cas d’occupation illicite, explique Idrissa Cissé, troisième adjoint au maire de la commune urbaine de Mopti. Des personnes décident de faire le remblayage aux abords du fleuve et construisent. On ne doit pas construire dans le lit du fleuve. La loi est très claire là-dessus. Il y a une distance réglementaire qu’il faut respecter. Cette distance est de 40 à 60 mètres. »
Les autorités communales n’arrivent pas à faire face à cette situation. Elles insistent sur le rôle des services techniques dans le cas des constructions sans autorisation. Nous avons cherché à poser la question du non-respect des textes à la Direction régionale de l’urbanisme. Mais, elle a voulu avoir l’aval de la hiérarchie pour répondre à nos questions. Malgré nos nombreuses sollicitations, nous n’avons pas eu de réponse.
Les conséquences de ces constructions anarchiques dans la dégradation du fleuve sont énormes, selon l’avis de ceux-là même qui y construisent.
« C’est une question à laquelle je n’ai pas peur de répondre. Nous vivons ici depuis plus de 10 ans. Nous avons fourni l’effort de faire le remblayage de cette parcelle. Mais, après y avoir construit, nous avons souffert. A chaque montée des eaux, une partie de la maison en banco s’écroulait et il fallait reconstruire après la décrue », témoigne Moussa Cissé, un riverain du quartier de Gangal.
Il ajoute que maintenant, avec de nouvelles constructions, ils sont épargnés. Au moins, pour l’instant. « Si les constructions continuent, le fleuve risque de disparaitre ou bien, un jour, nous allons devoir faire face à une grande inondation », poursuit-il.
Appliquer les textes
Malgré l’interdiction des constructions sans autorisation, il n’est pas rare de voir des constructions dans le lit du fleuve dans d’autres villes du pays, en dehors de Mopti. Ce constat démontre un manque de volonté politique pour sévir contre ceux qui violent les lois délibérément à travers des constructions qui menacent le fleuve, et surtout qui peuvent provoquer des inondations.
« En cas de construction, en violation de la réglementation, sur les domaines immobiliers publics et privés de l’État ou d’une Collectivité Territoriale, sur la base desdits procès-verbaux, le Représentant de l’État auprès de la Commune concernée, doit ordonner la démolition partielle ou totale des constructions aux frais du contrevenant après constat d’un expert immobilier agréé et d’un huissier de justice. Nonobstant la libération des lieux, le procureur peut engager des poursuites nécessaires contre le contrevenant à la réglementation », peut-on lire dans la loi sur les règles générales de construction dans son article 44.