Le fleuve Niger est confronté à un problème d’ensablement. Les initiatives pour le résoudre n’ont pu aller au-delà de la phase de recherche de financement. Alors qu’il y a le feu au lac.
Le sort du fleuve Niger est suspendu à la volonté politique surtout. Le réchauffement climatique, la pollution et surtout l’ensablement constituent des dangers qui menacent sa survie.
Depuis plus de 20 ans, les problèmes sont connus de tous. En 2002, la création d’une structure spécifiquement dédiée au fleuve Niger était une preuve de l’engagement des plus hautes autorités. L’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) a comme mission principale la sauvegarde du fleuve Niger au Mali.
Rien ne bouge
Dans une étude du Programme environnemental d’appui à la lutte contre la désertification, publiée en 2006, il ressort que la problématique de l’ensablement constitue un risque pour l’intégrité du fleuve. « Sur le plan écologique, l’ensablement de la vallée du fleuve dégrade l’ensemble des systèmes écologiques [..], tout au moins dans ses fonctions utilisées par les hommes », peut-on lire dans ce document.
Depuis des années, le Mali s’est engagé dans la recherche de solutions pour lutter contre l’ensablement du fleuve. En octobre 2011, le forum « Solidarité pour l’eau dans les pays du bassin du Niger » a été organisé par le gouvernement malien pour chercher des partenaires et associer d’autres pays africains dans la recherches de solutions pour la protection du fleuve Niger. La Banque mondiale a décidé d’appuyer à hauteur de 27 millions de dollars (soit plus de 17 milliards de francs CFA) pour sauver le fleuve Niger, en 2018.
Nous sommes en 2022 et nous avons l’impression que rien ne bouge. La dégradation du fleuve Niger continue au grand dam de l’ABFN, même si cette structure continue de mettre en œuvre des projets de protection. Le projet Dragage et protections des berges du fleuve Niger, à Diafarabé, qui a commencé en 2008, prévoyait le curage du Diaka. Selon l’Agence, le coût du curage est de 2 634 641 000 francs CFA.
Rendre le fleuve navigable pendant 10 mois
L’ensablement du fleuve Niger est en train d’avoir des conséquences désastreuses comme le tarissement, la destruction des berges et la disparition de beaucoup d’espèces de poissons. « Lorsque nous étions des enfants, ils étaient quasi impossibles de traverser à pied le fleuve pour aller sur l’autre rive pendant la décrue. Mais, aujourd’hui, les enfants le font à pied, car l’eau se retire », déplore Kamama Djenepo, un riverain.
Il est regrettable de savoir que nous avons des études et aussi des chercheurs qui ont tiré la sonnette d’alarme depuis plus de 20 ans et que jusqu’à présent l’État n’arrive pas à amorcer un début de solution. « Faire le curage du fleuve peut le rendre navigable de 9 à 10 mois. Cela va augmenter le nombre d’animaux aquatiques et les ressources halieutiques seront encore plus disponibles », estime Boubacar Traoré, chef de zone ODPA-DIN (Office de développement de la pêche dans le delta).
Konimba Koné