Alors qu’il n’y a aucune éclaircie dans la grisaille malienne, notre blogueur plaide pour que les jeunes aient au moins accès à des espaces de distraction, de terrains de sport, en voie de disparition.
Alors que l’écho d’outre-tombe ne s’affaiblit pas, depuis Gangafani, Yoro, Sobane Da, ou encore Ogossagou, localités où le feu et l’effroi ont régné trop de temps, ce sont des cris de joie que les jeunes Maliens veulent pousser lorsqu’ils mettent la balle au fond, ou de rage d’avoir pu manquer une si belle occasion. A l’heure où le flot barbare déroule son flux macabre contre lequel aucun barrage ne parvient à se dresser, ce sont des gouttes de sueurs qu’ils veulent voir perler sur leurs fronts, un maillot trempé collé au dos.
Alors que la répétition des tueries instille le doute sur les intentions de son voisin, les jeunes maliens exigent de pouvoir jouer les uns avec les autres. Alors qu’une année scolaire s’est déroulée sans profs ni cours, un semestre sans juges dans les tribunaux, ils insistent pour jouer !
N’y a-t-il pas d’autres préoccupations plus vitales dans ce pays ? Si ! Il n’y a même que ça! Mais puisque l’État semble ne pas être en mesure d’assurer la sécurité, la justice ou l’éducation, qu’il ne nous prive pas de cette ultime liberté. Car la jeunesse de Bamako, Mopti, Tombouctou et ailleurs, revendique son droit de jouer. Celui de se défouler entre les lignes d’un rectangle, d’herbe ou de poussière. Celui de pousser du pied un ballon entre deux poteaux, à propulser de ses mains une balle dans un panier.
Faire du sport sur les espaces appropriés
Jouer, rien que jouer le temps d’un match d’insouciance, toutes attentions accaparées, corps affairés à éjecter le ballon au-delà de la ligne au milieu du cercle de fer. Tu ne regarderas pas l’autre afin de savoir qui il pourrait être, tu regarderas seulement la façon dont il se meut vers le panier. Tu ne demanderas pas son nom, mais sa position sur le terrain. Tu oublieras que demain tes revenus resteront minces, car ce soir tes dribbles t’adoubent en prince.
Que chaque jour, s’ébrouent des centaines de milliers d’aiglons en devenir qui, la nuit tombée, se remémorent une action, et s’imaginent, d’ici quelques années, porter toute leur nation sur les pelouses des stades et briller sur les parquets américains.
Comment dès lors oser nous priver de ce trésor qu’est le jeu ? Et pourtant, sachez que le terrain public est un espace en voie de disparition ! Plus de lieux où courir, se réunir. Les parties sont terminées avant même qu’elles n’aient commencé. Faute de respect de la réglementation !
Nous voulons un arbitre, et vite !, qui siffle la fin de la partie de spoliation des espaces de jeux, qui siffle le respect des réglementations et adresse sans hésiter des cartons rouges à ses maires qui, en vendant aux plus offrants, expulsent les jeunes de leur seul possible lieu de distraction.
#LaisserNousJouer, car jouer c’est rêver, oublier, s’aimer, croire en soi et aux autres. Jouer, c’est respecter les règles, jouer c’est espérer !