Le mythe de « l’homme irremplaçable » dans le monde politique se façonne dans les esprits à travers déjà le système d’organisation de nos regroupements politiques. Rares sont nos partis politiques qui ont instauré des mécanismes de remplacement régulier à la tête de leurs instances. Ayant évolué dans un tel système, nos hommes politiques, une fois arrivés au pouvoir, auront du mal à vouloir de l’alternance.
Dans nos partis politiques, les hommes demeurent toujours plus puissants que l’institution. Le parti s’identifie à la personne du président-fondateur. Ce qui fait que tout projet d’alternance à la tête du parti ne saurait prospérer tant que vit le chef naturel. Une fois qu’ils arrivent ainsi au pouvoir, où en plus des courtisans les adulent et les incitent à s’y maintenir pour bénéficier de leurs largesses, nos hommes politiques auront naturellement tendance à s’y perpétuer et finiront par croire qu’ils sont irremplaçables.
Pour donc promouvoir l’alternance au pouvoir, il faut la cultiver. Il faut que ceux qui sont appelés à diriger le pays, à l’avenir, s’habituent déjà à céder leur place au bout d’un temps au sein de leurs regroupements. Des partis politiques ou des organisations citoyennes qui se veulent porteurs de changement, à l’exemple du parti Yelema de l’ancien premier ministre Moussa Mara, sont déjà sur cette lancée. Il faut cependant prendre des mesures institutionnelles pour les engager tous dans cette voie.
Mecanismes inexistants ou peu contraignants
L’alternance au pouvoir est un principe sacro-saint de la démocratie. Il faut arriver à l’instaurer et à le faire appliquer rigoureusement dans nos instances politiques et même ailleurs. L’actualité de notre pays fait régulièrement cas de litiges au sein de bon nombre d’organisations de la société civile relatifs aux renouvellements des instances dirigeantes. Ceux qui sont en fin de mandat refusent de créer les conditions de leur remplacement.
La raison : soit parce que des mécanismes facilitant l’alternance sont inexistants, soit ils sont peu contraignants. A ce stade, c’est l’État qui arrivera à uniformiser l’application d’une telle mesure à travers la loi. Ainsi, les organisations qui refuseraient de s’y soumettre devraient subir de lourdes sanctions.
Cultiver le changement à la base
Il serait utile d’inscrire dans la Charte des partis politiques que tous les partis politiques, sans exception, au terme d’un mandat clairement défini, doivent procéder au renouvellement des membres de toutes leurs instances dirigeantes. De ce fait, tous ceux qui aspirent à exercer le pouvoir dans le pays évolueraient déjà dans l’alternance au sein de leurs regroupements politiques respectifs. Ainsi, préparés au changement, une fois au pouvoir, ils seraient à même de respecter le principe.
Le changement qu’on voudrait voir prospérer au sommet de l’État doit, d’abord, être cultivé à la base. Pour promouvoir celui de l’alternance, il faut l’encourager dans les instances politiques de base. Ainsi, les mentalités déjà préparées travailleraient à appliquer le principe aux lieux qu’il faut.
Rien à dire benbere vraiment merci pour cette analyse de votre part.