Au Mali, les gouverneurs, préfets et sous-préfets (pouvoir local) sont nommés et non directement élus. Ces autorités ne reflètent pas le choix des populations des localités dont ils auront la responsabilité et peuvent ne pas répondre à leurs attentes.
L’une des difficultés dans notre système actuel de gouvernance se situe au niveau de la satisfaction des populations vis-à-vis des autorités censées représenter le pouvoir exécutif au niveau local. Le président de la République ne peut pas être omniprésent sur toute l’étendue du territoire, il délégue donc certains de ses pouvoirs à des autorités qui sont nommées auprès des populations locales.
Un mode de désignation dont est exclu donc les citoyens. Certains estiment que ce choix doit passer par la consultation des personnes vivant dans les localités d’exercice de ces dirigeants. Si au Mali, ces autorités locales, comme le préfet ou le gouverneur, ne se font pas élire, on devrait réfléchir à consulter soit les autorités coutumières, soit les autorités municipales ou les populations elles-mêmes pour mieux choisir.
Après Ménaka, c’est Taoudénit qui demande à l’État le départ de son gouverneur. Continuez à fermer les yeux sur ce qui est évident : la nécessité pour les populations de choisir librement le chef de leur exécutif local. #Mali
— Abdoul M. (@nboraghan) November 18, 2022
« La gestion du pouvoir local doit passer par le choix des citoyens sans forcément passer par les élections. On peut voir dans la ville une personne qui est en mesure d’occuper ce rôle et le jouer pleinement », propose Diakaridia Coulibaly, habitant de Koutiala.
Il déplore qu’une fois qu’un nouveau président occupe le fauteuil présidentiel, ce dernier nomme ses proches dans les localités sans prendre le temps de se questionner s’ils peuvent répondre aux attentes des populations qu’ils doivent administrer.
Sujet de polémique
Mohamed Ag Assory, analyste politique, n’est pas favorable à cette proposition. Pour lui, passer par cette étape voudrait dire que les personnes de leurs localités seront appelées à jouer ce rôle chez eux, alors que cette décision ne répond pas aux critères de la République qui appelle à l’inclusivité partout sur le territoire du Mali. Le défi à relever serait ailleurs : opérer une « décentralisation poussée », qui consistera à donner plus d’autonomie aux collectivités. « Par exemple, les difficultés auxquelles fait face un gouverneur de Tombouctou peuvent être différentes de celles de celui de Sikasso. Donc, la prise en compte des réalités de chaque localité doit être une préoccupation des plus hautes autorités pour le déploiement des moyens », ajoute-il.
Fatoumata Konaté est conseillère communale dans la ville de Kayes. Elle souhaite que les nominations ne soient pas claniques et que ces autorités locales soient mieux outillées pour aller vers le vrai développement. « Il faut qu’on sorte de la programmation du jour, suggère-t-elle. A mon avis, il n’y pas de planification efficace ; il faut penser à une planification qui sera liée au Mali et non à un régime. Il faut, par exemple, une programmation sur vingt ans qui sera suivie par n’importe quelle autorité. »
Elle ajoute que ce n’est pas une question d’appartenir à une localité pour y être nommé comme autorité administrative, mais plutôt un manque d’organisation et de planification pour que le système de déconcentration administrative puisse réellement porter ses fruits.