Les partis politiques jouent-ils leur survie ? Entre consultations contestées et menaces de dissolution, leur avenir est au cœur du débat au Mali.
En avril 2024, les autorités de transition ont suspendu toutes les activités des partis et associations politiques, invoquant des motifs de sécurité publique. Si cette mesure est levée en juillet 2024 sous la pression nationale et internationale, elle laisse une empreinte durable sur le paysage politique malien, déjà fragilisé. Depuis la levée de la suspension, les partis politiques tentent de réinvestir le débat national.
Un an plus tard, en avril 2025, le gouvernement lance une série de consultations nationales avec les « forces vives » pour déterminer l’avenir des partis politiques. Officiellement présentées comme une relecture de la Charte des partis, ces consultations s’inscrivent dans la continuité des recommandations formulées lors des Assises nationales de la refondation (ANR) et du Dialogue inter-maliens, bien que leur portée et leurs intentions fassent débat au sein de la classe politique. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une démarche perçue comme une tentative de légitimer, à terme, la dissolution pure et simple des partis politiques, sans véritable concertation. Sous pression, les partis politiques n’ont plus le choix : se renouveler ou disparaitre.
« Statuer sur les partis sans les consulter »
Les partis s’efforcent de se regrouper en coalitions, plus ou moins structurées, pour renforcer leur poids dans le débat national. Ils revendiquent un retour rapide à l’ordre constitutionnel, avec l’organisation d’élections libres et inclusives. Ils exigent également le respect de la Charte de la transition initialement adoptée, la libération des détenus politiques ainsi que la garantie des libertés civiles.
Autre point de crispation : les nouvelles concertations nationales engagées par les autorités. Certains partis les perçoivent comme une manœuvre visant à réécrire les règles du jeu politique sans véritable dialogue. Le 15 avril 2025, plus de cent partis politiques ont officiellement rejeté cette initiative, estimant qu’elle piétine les résolutions issues des Assises nationales de la refondation (ANR) et menace l’existence même des partis.
Le mécontentement est palpable dans les rangs politiques. À l’image de Youssouf Diawara, président du parti Yelema, qui s’est exprimé devant la presse en langue bamanan : « On ne peut statuer sur les partis sans les consulter. Les représentants choisis pour les consultations sont inconnus, c’est une faute de gouvernance. Le gouvernement doit suspendre ce processus, sinon nous n’y prendrons pas part. Ce n’est pas une faveur que nous demandons : c’est la Constitution qui garantit la démocratie. Dire que les partis sont rejetés est un discours trompeur que les autorités doivent cesser. »
Les partis politiques sont à un tournant décisif. Entre mises à l’écart et initiatives de réforme menées sans réel consensus, leur avenir semble incertain. Pourtant, leur présence reste essentielle pour garantir le pluralisme et porter les aspirations citoyennes. Pour rester pertinents, ils devront se réinventer, renouer avec la population et affirmer leur place dans un contexte politique tendu.