Le M5–RFP exige la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta, le Président malien. Ce mouvement est à la pointe de la contestation au Mali. Dr Bréma Ely Dicko, sociologue, répond aux questions de Benbere sur la contestation en cours.
Benbere : Beaucoup d’observateurs émettent des réserves quant à l’avenir du M5-RFP, composé de partis politiques et de membres de la société civile, y compris des religieux. Certains parlent même d’alliances contre nature. Qu’en pensez-vous ?
Bréma Ely Dicko : En réalité, le M5-RFP est une sorte de «monstre à plusieurs têtes». C’est un mouvement hétéroclite composé d’acteurs aux agendas différents. Il y a des acteurs politiques, des acteurs de la société civile et d’autres personnes qui ne sont ni de la société civile en tant que telle, ni des mouvances politiques. L’imam Mahmoud Dicko a su cristalliser autour de lui différentes frustrations : celles des parents d’élèves, d’autres personnes à cause de l’insécurité qui paralyse leurs activités. Ensuite, il y a un grand nombre de Maliens frustrés en raison de la déliquescence de l’État et du niveau de corruption. Pour nombre de Maliens, si rien n’était fait, le Mali pourrait sombrer d’une certaine manière.
Selon vous, quel a été l’élément catalyseur de cette crise sociopolitique ?
C’est le résultat des élections législatives de mars-avril 2020. Il y a eu des contestations post-électorales liées au fait que les résultats proclamés par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ont été légèrement différents de ceux de la Cour constitutionnelle. Ce qui a donné l’impression à beaucoup de Maliens que, finalement, la Cour constitutionnelle proclamait des résultats favorables à la mouvance présidentielle. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Que pensez-vous de la principale doléance de la contestation, à savoir la démission du Président de la République ?
Une partie des acteurs du M5-RFP veut vraiment la démission du Président. Mais, à mon avis, Mahmoud Dicko et peut-être d’autres leaders ont voulu seulement mettre la barre très haut en réclamant la démission du Président. C’est un moyen pour eux de pousser un peu le Président Keïta à sortir de son mutisme et à descendre dans l’arène. Depuis 2013, à chaque fois qu’il y a un problème, il nomme quelqu’un : un Haut représentant pour négocier l’accord, un autre pour le suivi de l’accord et encore un autre pour le Centre. À chaque fois, il utilise des fusibles. On a changé de Premier ministre au moins six fois. Selon moi, c’est une façon de l’inciter à se saisir de toutes les problématiques du pays et finalement à proposer des solutions qui peuvent calmer l’atmosphère.
Les Maliens sont partagés entre le saut vers l’inconnu avec la démission du Président et le maintien des institutions actuelles. Que préconiseriez-vous ?
Il n y a pas de saut vers l’inconnu, à mon avis. Maintenant, la solution est assez simple. Le Président Keïta a déjà amorcé la solution. La première solution était de répondre à la crise scolaire. Il a pris des engagements, nous attendons son application. En second lieu, il faudrait qu’il demande aux membres de la Cour constitutionnelle de démissionner et choisir d’autres personnes qui sont crédibles. Troisièmement, pour calmer l’atmosphère, il faudrait revenir aux résultats provisoires du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, c’est-à-dire faire en sorte que dans les circonscriptions où il y a eu des contestations comme à Kati, Bougouni, Sikasso, Bamako les élus soient ceux proclamés par le ministère en charge des élections. Et que ceux qui vont quitter l’Assemblée nationale bénéficient des mesures compensatoires proposées par l’État. Cela permettra de décrisper l’atmosphère. Et enfin, faire en sorte que les ministres qui sont cités dans des dossiers judiciaires puissent être jugés devant la Haute cour de justice.
Pensez-vous que la médiation de la Cédéao puisse aboutir à une solution acceptable par tous ?
Oui et non. D’abord, ce que la Cédéao ( Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) est en train de faire, c’est ce que nous voyons dans d’autres pays en crise. Symboliquement, c’est important. Parce que cela atteste déjà que la communauté internationale est préoccupée par la situation malienne et qu’on est en train de chercher des solutions. D’une part, l’intervention de la Cédéao peut pousser le Président Keïta à agir. Et, d’autre part, elle peut être la garante du suivi des promesses qui vont être faites par le Président Keïta. Aussi, la présence de la Cédéao peut-être un moyen pour le M5-RFP de faire des pourparlers directs avec le Président de la République. La communauté internationale, à travers la Cédéao, peut être témoin de toutes les décisions qui vont être prises en tant que médiateur neutre.
Comment percevez-vous l’après-crise ?
Je pense que nous avons, à travers ces deux rassemblements, assisté à une sorte de mûrissement de l’action protestataire au Mali. Pour moi, l’après-crise est l’occasion d’une sorte de remise en cause de la classe politique. Parce que c’est la classe politique qui a failli, que ça soit la majorité présidentielle ou l’opposition dite républicaine. Il y a eu un échec des acteurs politiques. Ils doivent se remettre en cause et profiter de cette occasion pour rétablir la confiance entre eux et la population. Ensuite, essayer de mettre en place un cadre permanent de dialogue et de suivi des accords qui vont être signés entre les acteurs qui se regardent en chiens de faïence aujourd’hui.
Super analyse de la part du DR Sociologue
c’est normal, je trouve cette analyse.
Tout ce que ces maliens demandent ne peut être résolu que nous même . Aucun président ne peut résoudre cela :
1) corruption :
Qui est corrompu et qui est corrupteur ?
Bien sur nous même maliens . Nous cessions de corrompre et d’être corrompus , le problème sera réglé.
2) Insécurité : qui sont ces rebelles et leurs soldats ?
Ce sont justement nous et nos enfants à cause de la mauvaise éducation de nous avons et que nous inculqué à nos enfants qui à la moindre difficulté choisissent la facilité , ils n’ont aucune goutte de patriotisme et ne savent pas que tout ce qui solide se construit dans la difficulté et le don de soi pour son pays d’abord.
3) les enseignants et autres revendicateurs :
Voyez seulement le niveau des élèves et des enfants et faites une courbe depuis les indépendances jusqu’à maintenant .Avec le plus bas niveau professionnel les enseignants et leurs élèves ne font que revendiquer sans se soucier de leur niveau . Or il faut mériter cela.
Si nous instaurions des tests de niveau , beaucoup d’entre eux seraient dans la rue . Patriotisme où est tu ? Ceux qu’ils refusent d’enseigner ce sont leurs propres filles , fils , soeurs et frères .
4) les élections :
L’appât du gain facile et la peur de ne pas avoir une bonne faveur font que nous choisissons toujours ceux qui font notre affaire et non celui de notre pays . Sachons choisir sinon ce sera pour 5 ans . Et puis sachons que même si nous avons un âne à notre tête , si nous le voulons nous bâtirons un pays prospère et où il y aura bon vivre . C’est nous maliens qui travaillons en réalité , chacun fera ce qu’il peut à son niveau et c’est tout .
Tout à fait d’accord avec vous !
Madiou Maiga, Madioumaiga8@gmail.com
On refuse d’appliquer la loi sous les yeux du président de la république, premier magistrat. Accorder des compensations à des députés mal élus ?
Les analyses sont pertinentes mais tout reste a croire que ce pays est tombé très bas et qu’il fallait faire contestation pour changer certaines choses.
Les frères musulmans veulent appliquer les 50 directives de Hassan el Banna au Mali et notre pays sera un état islamique
Formidable et chapeau à toi mon professeur DICKO à mon avis IBK le départ d’IBK sera une bonne solution pour la population Malien car depuis sa nomination jusqu’à nos jours il y’a toujours des mesentantes entre lui et son peuple.cela signifie que le peuple ne lui veux pas, alors il devrait carrément démissionner.