Mali : et si on limitait les possibilités pour le président de changer de gouvernement pendant un mandat ?
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Mali : et si on limitait les possibilités pour le président de changer de gouvernement pendant un mandat ?

Au Mali, les gouvernements se font et se défont, faut-il le dire, le plus souvent au gré des humeurs politiques. Ceux qu’on appelle aux hautes fonctions de l’État ne parviennent pas à imprimer leurs marques dans leurs services respectifs. Et si on réglementait finalement l’exercice des fonctions gouvernementales ?

Qu’il est difficile au Mali d’imprimer une marque solide dans la gestion de l’État. Ni un chef ni un ministre de gouvernement n’ont le temps de faire le tour de leurs services administratifs, qu’ils sont relevés de leurs fonctions ou renvoyés à d’autres. Des programmes politiques si ambitieux ont été remis dans les tiroirs parce que le porteur n’est plus aux affaires… !

L’instabilité gouvernementale au sommet de l’État a ruiné les plus grandes initiatives. Si en tant que démocrate, l’on ressent une aversion pour toute rupture avant terme de l’exercice de la fonction présidentielle, c’est que bien au-delà du respect d’un principe démocratique, c’est tout un projet politique qui tombe ainsi à l’eau.

Des efforts sont ruinés

L’administration n’est pas une continuité chez nous. Un tel a initié une marche salutaire dans l’administration, nul autre ne semble vouloir ou pouvoir s’inscrire dans la continuité de cette démarche. Un tel a fait ce qu’il a fait au sommet de l’État, nul autre ne saurait le faire comme tel.

Chaque nouvel homme vient avec une nouvelle politique. Or, si tant est que les nominations à la tête de l’État se font dans le seul intérêt du pays, tout remaniement devrait intervenir sur la base d’une évaluation en amont de la performance de tel Premier ministre ou ministre. Ce qui devrait prévaloir, c’est bien de chercher à savoir si telle personne, relativement aux missions à lui assignées, a été performante dans l’exercice de ses fonctions. Après évaluation, l’autorité politique devrait conclure de la pertinence ou non de laisser tel chef de service continuer dans sa démarche d’efficacité.

Pour rappel, certains chefs de gouvernements ou ministres ont pu initier de grands projets pendant leur court passage au gouvernement qui, du reste, se sont terminés en queue de poisson après leur départ. Pour ne citer que deux exemples, on se souviendra qu’alors Premier ministre, Moussa Mara prévoyait de faire du dispositif RAVEC la base du système d’état civil en individualisant chaque citoyen et en assurant un seul recensement biométrique. Seul recensement qui servirait de base unique d’établissement de toutes les pièces administratives, pendant toute la vie du citoyen. Ce projet n’a pas survécu après son départ. On se souvient également qu’en son temps, le ministre de la justice Me Mamadou Ismaël Konaté portait à cœur la volonté d’humaniser nos prisons. Ainsi, il s’était engagé dans un projet de  désengorgement des prisons, à travers la construction de nouveaux sites pénitentiaires. Cette volonté politique a perdu son élan après son départ.

Empêcher la rupture injustifiée dans l’exercice des fonctions

Le Président de la République a le libre choix de renouveler autant de fois qu’il le souhaite, un Premier ministre et son gouvernement. Sans prendre en compte le plus souvent le critère de performance et d’efficacité dans le travail. Pourquoi ne pas plutôt, sur la base d’un mandat présidentiel défini, limiter le nombre de remplacements d’un Premier ministre et de son gouvernement ? Cela contraindra le Président de la République à supporter un Premier ministre – gênant pour ses intérêts propres – mais travaillant dans l’intérêt du pays, parce qu’il se doit d’utiliser utilement ses « cartouches » de remplacement.

Mieux, pourquoi ne pas instaurer un « mandat » primatorial de deux ans par exemple et laisser la possibilité au Président de la République d’évaluer à mi-temps son gouvernement et de le recadrer ou réorienter si le Premier ministre ou l’un de ses ministres ne travaille pas conformément aux missions assignées ?

Dans un gouvernement, quand on travaille sous la menace constante d’un futur remaniement, l’on perd la volonté de bien faire parce que finalement les efforts entamés seront vains. Il est temps de laisser travailler les hommes qu’on appelle aux hautes fonctions de l’État. Et l’instabilité gouvernementale chronique n’est pas pour arranger les choses.

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