Le site des déplacés de Faladiè reste le plus grand à Bamako. Il abrite plus de mille enfants. Mais il est bien triste de constater que ces enfants ne bénéficient pas d’un des droits les plus fondamentaux : l’éducation. L’insertion de ces enfants dans les écoles publiques de la capitale est plus que souhaitable.
Selon Moctar Cissé, l’un des responsables les plus actifs, le site des déplacés de Faladiè a été « créé en janvier 2017 ». « Aujourd’hui, on peut compter environ 3663 personnes provenant de 630 familles sur ce site », ajoute-t-il. Quant au nombre d’enfants, il l’estime à 1329. Et ce n’est qu’en décembre 2019 qu’un bénévole, Francis Tienou, a commencé à dispenser des cours d’alphabétisation aux enfants de ce site de déplacés.
Au début des cours, explique M. Tienou, « l’effectif allait jusqu’à plus de 100 élèves. Mais, au fur et à mesure cela a diminué. Surtout les vendredis, jour de sacrifices et d’aumône, les enfants préfèrent partir mendier en ville que de venir à l’école ». Si la mendicité est beaucoup plus fréquente chez les talibés, ces enfants déplacés mendient plus pour aider leurs parents. « Souvent, de passage au niveau du monument Tour d’Afrique, je vois beaucoup de mes élèves mendier », déplore-t-il.
Cependant, si certains parents poussent leurs enfants à la mendicité, d’autres préfèrent au contraire que les leurs étudient. Même si cette volonté d’étudier se trouve confrontée à de réelles difficultés : pas de classes, pas de tables-bancs. En vrai, « il n’y a pas d’école ou d’éducation en tant que tel. C’est de l’alphabétisation en général : juste apprendre aux enfants à lire et à écrire », précise M. Tienou.
Constat amer
Il n’y a qu’un seul espace dédié et les apprenants y sont mélangés, des plus petits aux plus grands, sous un hangar faisant office de classe. Les enfants sont assis à même des nattes avec toutes les difficultés pour pouvoir écrire. « Depuis que je suis ici, je n’ai pas vu un geste venant du gouvernement pour l’instruction des enfants. Tous les matériels avec lesquels nous travaillons sont des dons venant d’ONG, de personnes de bonne volonté. » L’église chrétienne évangélique, qui existe au Mali depuis 1923, est l’un des plus grands donateurs.
« Chaque deux jours ou chaque semaine, il y a des familles qui arrivent sur ce site. Ces gens sont aussi des Maliens. Et s’il y a quelqu’un qui devrait les aider, ça devait être les autorités d’abord. Or, elles n’ont montré, jusqu’à ces derniers mois, aucune volonté dans ce sens », se plaint M. Cissé.
La petite Fatoumata Dicko, qui vient de Douentza, rêve de devenir institutrice. Agée de 12 ans, elle a fui les violences avec ses parents pour se mettre à l’abri sur ce site. Elle fréquentait déjà l’école, avec sa sœur Oumou, avant de se retrouver sur le site. Si elles ont eu la chance de continuer les études, leur grande sœur, quant à elle, a préféré se débrouiller « dans la récupération des ordures ».
Ces enfants sont pourtant des futurs citoyens maliens. Et personne ne sait ce qu’ils seront demain, ni ce qu’ils pourront faire pour ce pays. A l’aide d’un minibus pour leur faciliter le trajet, les inscrire dans des écoles publiques, c’est le minimum que l’on puisse faire pour eux. Ou construire des salles de classe avec des tables-bancs et des livres tout en recrutant des enseignants de qualité.
« Il y a beaucoup d’enfants qui veulent étudier et ils sont intelligents. Mais encore faudrait-il leur donner les moyens », insiste M. Cissé.