De France, Adhair Coulibaly doit se rendre à Bamako pour le boulot, mais ses proches et amis essaient de l’en empêcher. Depuis les événements malheureux de 2012 qui ont plongé le Mali dans une situation délicate, le pays est considéré comme une zone dangereuse. Adhair appelle les autorités maliennes à tout faire pour redorer la réputation du Mali à l’étranger.
Lorsque j’annonçais à mon entourage ou des connaissances que je me rendais à Bamako, la capitale malienne, leurs visages se crispaient. Souvent, un long pfff de découragement accompagnait ces grimaces. Je le traduisais ainsi: « Tu t’engages dans une aventure risquée et périlleuse ». Mais j’y allais pour le travail alors pas le choix. Je m’envolais, l’esprit alourdi par cette mauvaise réputation.
Et pourtant, le personnel à l’immigration ne fait franchement pas d’histoires. On a connu plus intimidant. A la sortie de l’aéroport Modibo Keita, le ventilateur d’air chaud nous a accueilli et nous a enveloppés entièrement, jurant avec les guirlandes, rouges, vertes et jaunes rappelant Noël qui ornent les colonnes de l’aéroport. Une forme de sérénité nous a étreint. Un sentiment duquel, je ne me départirai plus.
Bamako la paisible
Bamako vrombit sous le capot de ses Mercedes 280 jaunes taxis, vibrionne de ses motards qui s’infiltrent de tous côtés, virevolte de ses bazin multicolores gracieusement portés. Mais au milieu, s’étend paisiblement son fleuve, le Niger. Imperturbable. Tranquille. Ni remous, ni courants n’animent les endroits de ce fleuve que nous avons sillonné. Rien qui ne puisse faire chavirer notre frêle embarcation maintenue à flot par une savante répartition de l’équipage en son bord. Pas même un hippopotame qui aurait fuit les habitants des somptueuses villas qui bordent le fleuve. Alors que nous y naviguons en touristes, nous n’y croisons aucun autre Toubab, enfin un seul, qui visiblement n’avait pas l’air d’être un touriste. De quoi vivent alors nos marins d’eaux douces?
Un tourisme d’affaires
La nuit, des pêcheurs, silencieusement, voire sentencieusement, glissent sur et sous l’eau et démêlent leurs filets. Ils s’agrippent ensuite à leurs barques, saisissent avec habilité les derniers tilapias pour nourrir les hôtes des restaurants, à savoir les non-Maliens de la sous région ou occidentaux.
Oh des étrangers, il y en a, parfois en tenue camouflage, parfois ornés de cravates. Tous sont là pour travailler. Bamako attire des flux de militaires, d’agents d’ONG de tous pays et d’institutions internationales… Beaucoup de sécurité ici. On passe trois sas avant de pouvoir manger. Les propriétaires des hôtels louent les services des soldats de l’armée malienne pour manger en toute sécurité. Point trop n’en faut !
Pas un client!
Mais si ces gens font vivre hôtels et restaurants, quid de l’activité purement touristique, comme les croisières sur le fleuve Niger ou les visites au marché de l’artisanat? Quand nous nous y sommes rendus, les artisans proposaient des offres en Franc CFA, décroissantes, de bijoux, de vêtements, de toiles dont les stocks débordent faute de trouver preneur.
Le touriste se fait rare. Et pourtant, l’artisanat malien est certainement l’un des plus anciens et imaginatif. Un adorateur de Kirikou se retrouverait plongé en enfance sous cette cascade de masques, faces à ces sources inépuisées d’invention pour fétiches.
Les dimanches à Bamako est désormais une chanson morte. Cette mélodie qui sonnait comme une carte d’invitation à découvrir la capitale du Mali a été oubliée depuis par les touristes du monde. On ne l’entend plus. Les événements de 2012, l’attaque du Radisson Blu ou encore le film de Abderrahmane Sissako, Timbuktu, ont retiré Bamako du hit parade touristique. Les ambassades se sont donc chargées de déconseiller tout périple à titre non professionnel. La réputation du Mali est à refaire.
Que font les autorités maliennes?
Le site de l’office du tourisme annonce pour dernier événement, le festival international de Gouina prévu du 11 au 13 mars … 2016. Wikipédia a carrément marabouté le tourisme au Mali puisque son horloge s’est arrêtée en 2009. Moins de 40 000 touristes en 2015 … Peut-être une idée pour les candidats aux élections s’ils venaient à en manquer: une caravane d’Amadou et Mariam pour réenchanter la réputation de Bamako la sereine.