La création d’une classe inclusive facilite l’apprentissage de tous les élèves, et cela malgré leurs différences. Cela doit être encouragé dans le monde scolaire pour que le savoir transmis puisse profiter à tout le monde.
Une classe inclusive est un espace d’enseignement qui permet aux élèves ou aux étudiants d’apprendre par-delà leurs différences. Youssouf Coulibaly, professeur de lettres au Lycée technique de Bamako, a plusieurs années d’expérience dans l’enseignement. Grand passionné de la langue de Molière, fin pédagogue, Coulibaly défend la méthode inclusive en classe. L’espace d’apprentissage doit être animé de manière à accueillir tous les élèves ou étudiants, estime-t-il.
Autrement dit, ce n’est plus à l’élève ou à l’étudiant de s’adapter à la classe. C’est plutôt à la classe de se muer en un environnement fait pour tous, ajoute Coulibaly. Le centre de gravité de la classe inclusive est bel et bien l’enseignant. Ses efforts comptent beaucoup pour impulser le niveau de tous les apprenants. « L’enseignant joue un rôle primordial dans cette animation inclusive, puisqu’il doit transformer les différences mentales, physiques ou sociales des apprenants en opportunités, afin de réussir pleinement sa difficile mission qui consiste à transmettre le savoir. »
Comment avoir une classe inclusive
Makan Sy, professeur de philo, abonde dans le même sens. « La pédagogie inclusive n’exclue personne. Cette méthode valorise chaque apprenant », déclare-t-il. Mais, comment procède-t-on concrètement pour avoir une classe inclusive ? « L’enseignant sera donc amené à organiser ses apprenants en classe pour qu’il puisse travailler par groupe, explique Youssouf Coulibaly. La configuration de ce groupe doit être mixte. »
Ainsi, il ne s’agira pas de réunir seulement les meilleurs, ou de rassembler séparément les moins bons. Chaque groupe de travail doit être constitué selon une certaine variété. La mixité doit prévaloir dans les critères de composition des groupes. Autre proposition : pour les cours de français ou de philosophie, créer un cercle de débat, où chaque élève ou étudiant prendra la parole et s’exprimera.
Le prof de lettres insiste également sur le fait que dans l’appréciation, l’enseignant doit également veiller à ce que tous les points de vue soient valorisés. « On ne dira donc pas à un apprenant : vous dites n’importe quoi bien qu’il ne soit pas sur la bonne voie. On pourrait utiliser l’euphémisme : je vois ce que vous voulez dire, vous pouvez encore l’améliorer », explique-t-il.
À ses yeux, les activités orales sur des sujets à la portée de tout le monde constituent, sans nul doute, des solutions créatrices d’une classe inclusive permettant aux meilleurs, aux bons et aux moins bons d’extérioriser leurs idées et de se sentir considérés par l’enseignant et l’enseignement.
Joindre l’utile à l’agréable
Pour Djibril Bah, également professeur au niveau secondaire et supérieur, l’enseignant doit être attentif à la situation des élèves en difficultés. « Celles-ci peuvent être de plusieurs natures, détaille Bah. Soit l’apprenant n’est pas très intelligent, soit il a un handicap. Ces difficultés ne doivent aucunement être une entrave dans l’apprentissage. L’élève ou l’étudiant ne doit pas être discriminé ; il doit bénéficier d’activités relevant de son niveau. »
Autre élément crucial pour l’inclusivité dans l’acquisition de la connaissance en classe : les activités artistiques. Comme on le dit souvent, joindre l’utile à l’agréable. Tout ce qui fait rire fait réfléchir. C’est du moins ce que pense Youssouf Coulibaly. « Les activités artistiques constituent également des astuces pouvant faire participer tous les apprenants. L’enseignant ne travaille pas que pour les meilleurs apprenants », propose-t-il.
Grand magicien de la pédagogie, l’enseignant a pour mission de booster les compétences des élèves présentant des carences. Il les fait parvenir au niveau des apprenants qui sont brillants. L’enseignant est un briseur d’obstacles. Un faiseur de « bonnes têtes » en dépit des embûches que peut contenir une classe.