Le Mali a reçu des États-Unis, à travers l’initiative Covax, 151 200 doses du vaccin Johnson & Johnson. La nouvelle campagne de vaccination a démarré le 23 août. La cellule de lutte anti-Covid explore plusieurs pistes pour augmenter le taux de vaccination. Objectifs : vacciner 151 200 personnes en un mois.
Cet article a initialement été publié par Mali Tribune.
En France, pour inciter les sceptiques à aller se faire vacciner contre la Covid-19, l’accès aux restaurants, aux hôpitaux et même aux moyens de transport en commun est désormais conditionné à un passe sanitaire. Le test simple de routine, qui était gratuit, est désormais payant. Le but recherché est d’inciter les populations à aller se faire vacciner.
Certains se demandent si ces mesures peuvent être appliquées au Mali. « Comparaison n’est pas raison, nous ne disposons pas des mêmes moyens. Contraindre les populations à se faire vacciner, c’est une solution envisageable, mais il faut aller doucement. Ici, pour le moment, nous continuons avec la lutte contre la désinformation et les rumeurs et sensibilisons les populations à aller se faire vacciner », explique Dr Ibrahim Diarra, directeur du service immunisation de la cellule de lutte contre la Covid-19.
« Si on dit que c’est obligé, personne ne se fera encore vacciner »
« Si on nous contraint, ce serait contre-productif. Je pense que les autorités ne doivent pas se lasser de sensibiliser. Vous connaissez le Mali, si on dit que c’est obligé, personne ne se fera encore vacciner », pense Moussa Dagnon, agent comptable dans une entreprise privée. Pour les autorités, il faut, en un mois, injecter les 151 200 doses de vaccin. « L’argument de beaucoup de personnes était qu’elles ne voulaient pas d’AstraZeneca, pas qu’elles ne veulent pas se faire vacciner », nous explique-t-on au Centre national d’information, d’éducation et de communication pour la santé (CNIECS).
Si la cellule technique ne compte pas pour le moment pousser le gouvernement à obliger les populations à aller se faire vacciner, elle compte par contre inciter les uns et les autres en sécurisant plus les carnets de vaccination.
Cartes de vaccination numériques
Ainsi, le ministère de la Santé et du Développement social est en collaboration avec une structure spécialisée pour confectionner des cartes de vaccination numériques, « plus profitable pour les voyageurs ». « Je ne me ferai jamais vacciner, car je n’ai jamais cru en l’existence de la maladie à coronavirus. Même si on m’y obligeait, je ne le ferai pas. Si les autorités elles-mêmes y croyaient, pourquoi ne sont-elles pas vaccinées. La preuve : les vaccins AstraZeneca ont périmé sans que la moitié des 396 000 doses ne soient utilisées », lance Soumaïla Maïga, étudiant.
Amina Cissé, commerçante, quant à elle, affirme avoir plutôt peur : « Mais, en voyant des membres de ma famille se faire vacciner, j’ai la certitude maintenant que c’est sans danger, dit-elle. Je suis impatiente que la deuxième campagne de vaccination commence pour me faire vacciner. Je voyage beaucoup, si j’ai la carte de vaccination, non seulement je serai plus ou moins à l’abri mais aussi je n’aurai plus à payer les 25 000 francs CFA pour le test à l’aller et au retour lors de mes voyages. Je serai vraiment soulagée d’un poids. »
Même si les avis restent partagés, la cellule anti-Covid semble plus que jamais déterminée dans sa lutte. « Nous continuons à lutter contre la Covid-19 avec les moyens du bord et demandons aux populations de se protéger en respectant les mesures barrières et surtout en allant se faire vacciner », conclut Dr Ibrahim Diarra.
Cet article a été publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada.