Covid-19 : la galère des enseignants des écoles privées
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Covid-19 : la galère des enseignants des écoles privées

La fermeture des écoles en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, a bouleversé les activités des enseignants des écoles privées, généralement payés selon les heures enseignées. Cette situation a poussé certains d’entre eux, n’ayant pas d’autres moyens de subsistance, à s’endetter.

Cet article a été d’abord publié par Le Pays.

Selon Edouard Samaké, enseignant, la Covid-19 lui a causé d’énormes torts. « A cause de la pandémie, je n’arrivais pas à payer mes factures », a-t-il déploré. Avant d’ajouter : « Même manger était devenu un véritable parcours du combattant pour moi et ma petite famille. »

Cet enseignant, bien qu’il ait continué à donner des cours à domicile à certains élèves, était obligé de s’endetter pour subvenir aux besoins de sa famille. Et il n’a pas fini de rembourser.

Colère

Il exprime sa colère contre les promoteurs des écoles qui, durant cette période, n’ont pas garanti la sécurité de leurs employés. « Pendant cette pandémie, nos relations avec nos promoteurs se sont dégradées », a révélé M. Samaké qui a accusé les promoteurs d’écoles de n’avoir eu « aucun souci pour les pauvres enseignants qu’ils sont ».

Un autre enseignant, Boucary Togo, dit en vouloir à l’État. « L’État, en voulant nous protéger de la Covid-19, nous a exposés à la galère qui est plus dangereuse », a ironisé ce sortant de l’Institut de formation des maîtres (IFM), officiant dans une école privée à Baco-djicoroni.

Les parents d’élèves, eux aussi, ont senti les conséquences de cette crise. Pour éviter que le niveau des enfants baisse, beaucoup ont été contraints de payer les cours à domicile pour leurs enfants. « Nous, à notre niveau, nous avons des enseignants qui donnaient des cours à domicile bien avant la pandémie. Et avec l’arrivée de la pandémie, ce système a continué », confie Boubacar Yalkoué, un parent d’élève.

Ce qui est paradoxal et qui a joué sur les parents d’élève, c’est le paiement de la scolarité des enfants malgré la fermeture des écoles. « Pendant la pandémie, nous n’avons pas payé la scolarité. Mais à la reprise, les promoteurs nous ont saisi par rapport à ces sommes », a indiqué Boubacar Yalkoué.

Moctar Guindo, directeur et porte-parole du promoteur de l’école privé INTEC, sise à Baco-Djicoroni, est conscient des difficultés qu’ont traversées les enseignants du secteur privé. Il affirme que la crise est indépendante de leur volonté et que les enseignants devaient comprendre.

Contraintes de la crise

Le gouvernement a-t-il aidé les écoles privées et leurs enseignants pendant la fermeture des écoles ? Pas tellement. En effet, le gouvernement n’a pas songé à la situation des enseignants pendant la période de la fermeture des classes.

« Le gouvernement nous a accompagnés avec des kits de lavage des mains, du gel hydro-alcoolique et les cache-nez », reconnait Moctar Guindo, gérant de l’école privée INTEC. Mais, regrette-t-il, en dehors de nos dus de chaque année, « nous n’avons pas reçu d’autres aides particulières durant cette pandémie ».

Pour les quelques enseignants des écoles privées interrogés par nos soins, le gouvernement aurait dû obliger les écoles privées à payer une somme forfaitaire à leurs employés afin d’alléger les contraintes de la crise sanitaire.


  • Cet article a été publié avec le soutien de JDH (Journaliste pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada)

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