#DjanwKaoural : « Avant d’être bamanan, dogon ou peul, nous sommes d’abord maliens »
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#DjanwKaoural : « Avant d’être bamanan, dogon ou peul, nous sommes d’abord maliens »

Dans ce récit fictionnel, Hamadi Diallo, un jeune vivant dans une localité de Mopti, raconte son idylle avec une jeune issue d’une autre communauté.

« A la vie, à la mort », me disait ma bien aimée. Comme de coutume, à 4 heures de la matinée, mon alarme me rappelait la dure journée qui m’attendait. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour dormir quelques heures de plus ! Mais, bon, il fallait impérativement que je me débarrasse des bras de Morphée afin que les animaux aient quelque chose à se mettre sous la dent. Je m’inquiétais surtout pour Bambi, qui a perdu sa mère le jour de sa naissance. Le pauvre ! Depuis, il est devenu si solitaire qu’il m’a fallu le prendre sous mon aile.

« Baba, il est bientôt 5 heures, ne me dis pas que tu dors toujours ! », s’écria ma mère en retirant brusquement la porte en paille qui protège l’intérieur de ma maisonnette faite de briques en terre battue. Baba ! Le surnom par lequel ma mère m’appelle à l’image de son défunt père.

Muni de mon fidèle compagnon, qui me protège des attaques de reptiles, le « n’golorou » (bâton) que m’a donné grand-père, habillé en boubou violet, mon éternel turban autour de la tête, je me dirige vers l’enclos et trouve Bambi qui m’y attendait, impatiemment avec les autres animaux.

En apercevant ma silhouette qui leur est familière, ils se mettent à bêler. J’ai compris qu’ils m’en voulaient d’être un peu en retard. La raison : je cherchais la bague en argent que je devais offrir à Ama pour notre deuxième anniversaire de couple.

Diversité et beauté

J’aime Ama de tout cœur. Lorsque je suis en brousse, en compagnie de mes bêtes, je pense beaucoup à elle. Le soir, sur le chemin du retour, le simple fait de penser que je vais la revoir m’emplit le cœur de joie. Malgré l’amour que nous portons l’un envers l’autre, ses parents ne veulent pas entendre parler de notre union. Parce que je ne suis pas de sa communauté.

Qu’ai-je fait de mal pour qu’ils me rejettent de la sorte ? Ne suis-je donc pas digne d’elle ? Pourquoi me mettre à l’écart pour la simple raison que je ne suis pas de la communauté ?

Des questions auxquelles je cherchais des réponses. Soudain, j’entendis des bruits de moteur qui affolèrent le troupeau et poussèrent les animaux à s’évader dans la nature.

« Ceci est un dernier avertissement ! Eloigne-toi de ma sœur si tu veux la vie sauve », lance une voix grave.

« Par la grâce de Dieu, tu ouvres enfin les yeux », dit ma mère en sanglotant. Confus, je me demandais ce qui m’était arrivé, car la dernière chose dont je me souvenais était la joie qui m’animait à l’idée de revoir Ama. « Je t’ai pourtant supplié de laisser cette fille. Ils ont failli t’ôter la vie. » Et là, je me suis souvenu de la personne qui m’avait tiré dessus.

Les années passent, mais l’amour demeure. Après de nombreuses interventions auprès de lui, son père a fini par comprendre que la diversité culturelle fait la beauté du pays. « Au nom de toute la famille, je présente mes sincères excuses à la famille Diallo », s’excuse-t-il. Et d’ajouter : « Avant d’être bamanan, peul ou dogon, nous sommes d’abord maliens. »

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