La société malienne fait croire qu’une femme moderne, émancipée, n’est pas « mariable ». Mais rien n’empêche aux femmes indépendantes, chefs d’entreprises, professeures, avocates ou médecins d’être à la fois de bonnes épouses et mères de familles, écrit la blogueuse Sadya Touré.
L’un des sujets qui nourrissent passionnément nos débats quotidiens, entre amis ou sur les réseaux sociaux, c’est le choix entre le mariage ou la carrière. La question ne se pose pas seulement au Mali mais un peu partout dans le monde. C’est d’ailleurs l’un des questions auxquelles j’ai essayé de répondre dans mon livre « Être une Femme Ambitieuse au Mali« .
Au Mali spécialement, la femme qui rêve d’avoir une vie familiale épanouie et des enfants est souvent appelée à renoncer à sa carrière, alors qu’une femme qui a de grandes ambitions dans la vie professionnelle est considérée comme « non mariable », comme si mariage et carrière ne font pas bon ménage.
Le poids des traditions
Voici le message qu’on donne à la jeune fille malienne depuis toute petite : « Vas à l’école, mais n’oublie pas que lorsque tu voudras te marier, il faudra à un moment te limiter. » Donc la société malienne dit à ses filles qu’il ne faut pas trop étudier de peur de devenir « des femmes modernes, émancipées ». Sinon la femme deviendrait indomptable pour son futur mari. Mais faut-il avoir besoin de dompter une femme pour que le mariage marche?
On essaie de faire croire aux femmes qu’elles doivent être « moins intelligentes » pour aimer, se marier et élever des enfants. C’est FAUX ! Cela est dû au fait que la place de la femme a toujours été vue dans le foyer, le ménage, la vaisselle, les enfants etc. Mais ces stéréotypes ne sont-ils pas nourris par un certain nombre d’hommes qui ne se sentiraient plus virils lorsqu’ils rencontrent des femmes indépendantes? Rien n’empêche aux femmes indépendantes, chefs d’entreprises, professeures, avocates ou médecins d’être à la fois de bonnes épouses et mères de familles.
Il faut changer les mentalités
Il faut reconnaître que les préjugés ont la peau dure, mais c’est possible de changer les mentalités. Et c’est spécialement aux femmes elles-mêmes d’éduquer autrement leurs enfants. La situation de la femme malienne a changé et doit changer, il n’y a aucune raison que leur rôle soit limité au foyer. Il faut donc expliquer aux jeunes filles qu’il n’y a pas de choix à faire, que l’on peut être une femme indépendante et exceller dans sa religion, que l’on peut être femme mariée, mère et exceller dans ses fonctions.
Aux hommes de comprendre qu’une femme indépendante qui gagne plus est un atout pour la famille. Les femmes doivent compléter les hommes et non pas être leurs esclaves. Je pense que chaque personne mérite d’être heureuse, que chaque femme mérite de vivre le bonheur du mariage mais pas au détriment de sa réalisation personnelle.