Au Mali, les vendeuses de nourritures devant les écoles publiques sont les victimes collatérales de la grève des enseignants. Pendant cette période, les activités ne marchent pas.
L’école malienne est à l’agonie. Les grèves sont désormais une tradition dont on peine à se débarrasser. Au-delà de la baisse du niveau des élèves, c’est l’avenir de milliers d’enfants qui est mis en péril. Ces enfants sont également exposés à plusieurs fléaux dont le banditisme, la consommation de la drogue et même l’enrôlement dans les groupes extrémistes.
Durant la grève des enseignants, c’est une bonne partie des ménages qui souffrent à cause de l’arrêt de leurs activités génératrices de revenu. Parmi les personnes touchées, il y a les vendeuses de comestibles devant les différents établissements publics.
Des femmes en charge de la famille
Ce petit commerce devant les établissements scolaires, qui peut sembler insignifiant pour beaucoup, joue un rôle important dans la prise en charge des dépenses familiales de celles qui s’y adonnent. Awa Touré occupe depuis des années un petit espace devant l’école publique de Bozola, quartier populaire de Bamako. Elle fait cuire des galettes à la farine qu’elle vend durant les récréations. Grace à cette activité, qui lui rapporte au moins 2.000 FCFA par jour, elle aide son mari dans la prise en charge des dépenses familiales. Ainsi, quand les écoles ferment pour raison de grève, son business frôle la faillite.
Quant à Koro Doumbia, la vente de jus lui permet de nourrir ses enfants dont elle s’occupe seule depuis la mort de son mari. J’ai pu échanger avec une autre dame du nom de Safi Kané. Elle vend des sandwichs devant l’école publique Inémassa Cissé de Niaréla, un autre quartier de Bamako. De nombreuses autres femmes, comme Awa, Koro et Safi se servent de cette activité pour satisfaire leurs propres besoins et ceux de leur famille. Malheureusement, depuis des mois, ces activités sont à l’arrêt à cause des grèves interminables qui paralysent le secteur éducatif.
« Période de vaches maigres »
La grève des enseignants, même si elle ne concerne pas directement ces femmes, a joué sur leurs revenus. Pour Safi Kané, la situation est plus que pénible. En plus d’une situation déjà difficile pour elle, les grèves sont venues enfoncer le dernier clou dans le cercueil d’une activité moribonde. « Pire encore, j’investis mon argent dans la viande, l’huile, le pain, entre autres ingrédients nécessaires à la préparation de sandwichs. Et j’apprends le lendemain qu’il y a grève. Je me retrouve à consommer ce que je dois vendre. Souvent, même s’il y a cours, avant l’heure de la récréation, les enfants sont libérés », déplore-t-elle.
Désormais, Safi et d’autres vendeuses sont en contact permanent avec les enseignants qui les informent sur les mouvements de grèves afin qu’elles puissent prendre des dispositions.
La grève des enseignants a obligé certaines vendeuses à abandonner cette activité en attendant la reprise effective des cours. D’autres se sont cherché une place ailleurs, loin du monde scolaire. Une chose est sûre : pendant la grève des enseignants, ces vendeuses sont en période de vaches maigres.