L’emploi des personnes vivant avec un handicap est un casse-tête au Mali. Le 26 juin dernier, Doniblog, la communauté des blogueurs maliens, a ouvert le débat dans la région de Kayes, avec des associations des personnes handicapées dans le cadre du projet Sira Kura.
« Les collectivités ne nous ont jamais considérées. Elles mettent en place leurs actions sans prendre en compte les personnes vivant avec un handicap », a dénoncé Kady Bathily, présidente de la Fédération des associations des personnes handicapées (FERAPH) de Kayes. Elle ajoute que « les autorités maliennes arrêtent de discriminer les personnes en situation de handicap en faisant appliquer une loi de la République votée à l’Assemblée nationale ». Kady Bathily fait référence à une loi adoptée par le parlement malien en 2018.
Décret en quête d’application
Pour promouvoir les droits des personnes vivant avec un handicap, la loi 027 du 12 juin 2018, adoptée par l’Assemblée nationale, avait été promulguée par l’ex-président, Ibrahim Boubacar Keïta. Celle-ci permet d’améliorer les conditions de vie de ces personnes dans plusieurs domaines, notamment celui de l’emploi.
Cependant, cette loi n’a jamais eu l’effet escompté, faute d’un décret d’application. Sa non-application a commencé au niveau local. A travers elle, l’accès à l’emploi des personnes vivant avec un handicap devrait être une préoccupation au niveau des collectivités, selon les articles 17,18 et 19.
Discrimination et inaction
Décrivant le calvaire que vivent quotidiennement les personnes vivant avec un handicap, Modibo Fofana, président des Jeunes aveugles de Kayes, va plus loin. « Même certains propriétaires de maison nous refusent la location, parce qu’ils se demandent comment nous arriverons à payer le loyer. Tout ceci est lié au manque d’emploi, car pour celui qui travaille il ne serait pas impossible de payer son loyer chaque fin de mois. »
La même loi prévoie pourtant des mesures de recrutement spécifiques de personnes handicapées dans le secteur privé comme public. Ce qui n’a jamais été fait, fustigent les personnes concernées par les dispositions citées plus haut. Face à ce blocage, la FERAPH de Kayes dénonce le silence et la discrimination des autorités en pointant du doigt l’inaction des collectivités.
Résorber le chômage
Pour avoir gain de cause, les personnes vivant avec un handicap de la région de Kayes ne comptent pas baisser les bras. Elles veulent, désormais, se présenter pour des postes électifs lors des futures échéances électorales, notamment les communales et législatives afin de mieux porter leurs doléances.
« De 2012 à nos jours, le Mali a connu trois coups d’État. Mais jusque-là, personne n’est venue demander aux personnes vivant avec un handicap comment elles comptent participer à la refondation du Mali, dont on parle ces derniers mois », s’étonne Ibrahim Bagaga. Ce dernier estime que leur situation connaitrait des avancées importantes si les personnes vivant avec handicap parvenaient à accéder à des postes électifs.
Pour relever ce défi, la Fédération des associations des personnes handicapées de Kayes veut, d’ores et déjà, mobiliser ses militants à réussir ce pari qui, selon elle, reste l’une des meilleures alternatives pour résorber le taux de chômage dans leur rang.