En janvier 2017, j’ai effectué un séjour dans le village de Zambougou, situé à 10 Km de Ouélessébougou (région de Koulikoro), sur la route nationale 7. C’est un village couvert de verdure que j’ai visité. La trentaine de famille profitait de l’oxygène pur que dégage la flore. Contrairement à cette époque, la nature de ce village, où il faisait bon vivre avant, est mise à mal par ses propres habitants, écrit le blogueur Tony Star.
Toute personne ayant fait plus de deux ans sans repasser par ce village ne le reconnaitra plus. Ses propres habitants l’ont transformé en un vaste marché de bois de la zone. Ce village semble n’avoir d’autres activités génératrices de revenus, hormis les travaux ruraux. Ses habitants préfèrent s’adonner à la coupe et à la vente du bois en attendant les premières gouttes de pluie pour reprendre le chemin des champs.
La trentaine, Moussa Samaké, confie n’avoir d’autre choix que de couper les arbres pour en faire du bois à vendre pour nourrir sa famille nombreuse : « Auparavant, tous les jeunes se dirigeaient vers les sites d’orpaillage de Foroko et autres. Mais depuis qu’on nous a chassés de ces sites en 2016, certains se sont dirigés vers Bamako ou l’Algérie. Et nous autres, nous sommes restés ici auprès de nos parents. Pour survivre, il faut obligatoirement de l’argent. Lorsque je passe une journée à travailler dans la brousse, dès le lendemain je peux avoir de quoi mettre dans ma poche. »
Coupes abusives, mesures dissuasives
François, habitant du village, dit, lui, ne pas en vouloir à Moussa Samaké de couper de façon abusive du bois. Cependant, il trouve que le maraîchage accru pourrait atténuer la déforestation, même si elle n’y mettra pas fin : « Dans les villages voisins, c’est le jardinage qui occupe les jeunes, se lamente-t-il, mais chez nous le manque d’eau est le plus grand obstacle. Il faut attendre tard dans la nuit pour arroser ses légumes. Si tu n’as pas ce courage, tu risques d’attendre deux mois avant de faire une récolte. »
Dans certains villages avoisinants comme Ferekoroba, Bladié et Banakoro, des patrouilles sont effectuées en brousse pour dissuader les plus récalcitrants. Tout contrevenant est sanctionné d’une amende de 50000 FCFA par charrette. L’argent versé est directement géré par les autorités forestières locales.
Changement climatique
La coupe du bois permet aux villageois de se frotter les mains. Mais, elle n’est pas sans conséquence car risque de nous servir un paysage attristant. Les spécialistes alertent sur la coupe abusive du bois qui risque d’amplifier les conséquences liées au changement climatiques.
Ainsi, prévient Oumou Sacko, diplômée de l’Institut polytechnique rural (IPR) de Katibougou, « la déforestation cause la perte de la biodiversité, le manque d’habitat pour la faune sauvage, la diminution des aires de pâturages, les problèmes de séquestration du dioxyde de carbone, la sècheresse, le tarissement des puis et même la disparition de certains espèces qui sont déjà rares. »