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Faut-il appliquer la lecture obligatoire au Mali ?

La réalité saute aux yeux : beaucoup de gens ne lisent pas, que ce soit au Mali ou ailleurs. Mais tous les grands esprits l’ont dit : la lecture, c’est la nourriture de l’esprit. Ma conviction est que les gens ne lisent pas parce qu’ils n’ont jamais appris à lire, écrit le blogueur Jean-Marie Ntahimpera.

En décembre 2018, j’allais à la médiathèque de l’ambassade des États-Unis, à Bamako, pour voir s’il y avait des livres qui pourraient m’intéresser. Un livre a retenu mon attention : Une histoire des médias, des origines à nos jours, de l’historien français Jean-Noël Jeanneney. Travaillant dans le domaine des médias, j’étais curieux de savoir à quel genre de médias nous pouvons avoir accès au XVIIIe, XIXe et XXe siècle, surtout avant Internet, pour évaluer le chemin parcouru.

J’ai décidé alors d’emprunter le livre et d’aller le lire à la maison. Au moment de l’enregistrer, la bibliothécaire s’est étonnée : « Ce n’est pas possible. Vraiment, les Maliens ne lisent pas. Ce livre est ici depuis le 29 janvier 2001. Mais personne ne l’a jamais lu ». Wow ! Un livre aussi intéressant (du moins pour moi) a passé 18 ans dans une bibliothèque, et personne ne s’y est intéressé ? Je n’arrivais pas à le croire.

Lire, ça s’apprend

Ce serait injuste de généraliser et de dire que tous les Maliens ne lisent pas. Je connais beaucoup de Maliens qui sont de vrais champions de la lecture. Mais la réalité saute aux yeux : il y a beaucoup de gens qui ne lisent pas, que ce soit au Mali ou ailleurs. Or tous les grands esprits l’ont dit : la lecture, c’est la nourriture de l’esprit. On ne peut pas arrêter de lire, de la même façon qu’on ne peut pas arrêter de manger.

Ma conviction est que beaucoup de gens ne lisent pas parce qu’ils n’ont jamais appris à lire. Moi, j’ai eu cette chance. En 9e année, au lycée, notre professeur de français nous a obligés à lire régulièrement et à tenir un « cahier de lecture », où il fallait noter les résumés des livres qu’on avait lus. Deux mois après, il est revenu et nous a demandé de lui montrer nos cahiers de lecture. J’avais déjà consigné dans le cahier les résumés de trois livres. J’étais sauvé : chaque personne qui avait mis dans son cahier au moins un résumé a eu 8 sur 10, alors que les personnes qui n’avaient rien lu ont eu un gros zéro. Depuis, j’ai pris la lecture au sérieux.

Comme on dit, l’appétit vient en mangeant. C’est en lisant, d’abord par obligation, que j’ai commencé à aimer les livres. D’abord les romans, puis les essais politiques ou philosophiques et les biographies. Je lis tous les livres qui peuvent m’apprendre de nouvelles choses. J’ai une préférence pour les livres classiques, notamment ceux publiés depuis plus de 50 ans mais qui ont résisté à l’épreuve du temps. Les vérités qu’on y apprend sont intemporelles. C’est grâce aux livres que j’ai commencé à aimer l’écriture et que je suis devenu blogueur.

Lecture obligatoire au lycée

Je suis certain que si on instaure une pratique de lecture obligatoire au lycée, ça va contribuer à l’épanouissement des jeunes. C’est la décision qu’ont compris certaines écoles françaises, qui viennent d’instaurer un quart d’heure de lecture obligatoire chaque vendredi, que ce soit pour les élèves et pour les enseignants.

Peut-on adopter une mesure similaire dans les écoles maliennes ? « C’est une bonne idée. Les profs et les élèves n’aiment pas lire. Si une telle mesure est appliquée, cela va beaucoup aider, s’enthousiasme madame Euphrasie, enseignante des sciences de l’éducation à l’Université catholique de l’Ouest à Bamako. Mais il faudrait adopter une bonne stratégie pour les motiver à adopter cette nouvelle habitude ».

En tous cas, il faudrait y penser.

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Les commentaires récents (8)

    1. Pour amener les élèves et les enseignants à adopter cette règle, il faut déjà que le système réfléchisse à remettre la lecture au centre des études de l’enfant. Rare sont les enfants d’aujourd’hui qui vous citerons correctement deux auteurs ou le titre de deux livres. En terminale encore certains ne connaissent pas le vrai nom de l’auteur des Fables.Hier dans nos écoles, on nous envoyait toujours à la bibliothèque pour lire et exposé des livres et votre note en dépend. Cela va trouver que l’enseignant lui même avait tous ces livres dans sa tête et pas la peine de revenir si l’on ne lit pas car on n’aura personne à bourrer de mensonge. Dans le temps notre fierté était de finir le livre que le premier de la classe devait exposé avant le jour et venir lui poser des questions en vue de lui dire qu’on se prépare à lui piquer sa place mais aujourd’hui, qu’en est-il ?
      Rien à faire et la fuite des responsabilités s’agrandit. Il faut qu’on sache que la lecture est le seul moyen pour les enfants, les grandes personnes, les enseignants et les non enseignants de venir à bout de ce qu’ils recherchent. Un pays qui ne lit pas est un pays qui se tue. De nos jours, le Mali se tue. Le Malien est même mort.

  1. Cette proposition sera peut etre une bonne chose. Tres interessant que l’on ramene les exposés notés en classe mais pour ce faire, il faut deja que les enseignants dès leur formation soit preparés a la chose. Il faut aussi que le systeme educatif change.

  2. Il faudrait juste adopter la stratégie de la lecture électronique car les apprenants consacrent plus de temps aux réseaux sociaux qu’aux bibliothèques.