Bien que facilité par les outils technologiques et la pluralité des supports, l’accès à une information de qualité fait face au défi de la désinformation.
Considérés comme le quatrième pouvoir en démocratie, les médias jouent un rôle prépondérant pour la bonne gouvernance et peuvent favoriser le vivre ensemble. Comme le disait Jacques Attali, « Dans un monde où l’information est une arme et où elle constitue même le code de la vie, la rumeur agit comme un virus, le pire de tous car il détruit les défenses immunitaires de sa victime ». L’accès à l’information – et à une information de qualité –, consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme et garanti par la Constitution malienne, est un droit pour tous les citoyens.
Au Mali, l’insécurité grandissante continue d’affecter négativement le droit des citoyens à accéder à une information de qualité. C’est dans ce cadre que le consortium Grdr, CCFD-Terre Solidaire et AZHAR a réalisé une enquête de sondage avec un échantillon de 1713 personnes dans les régions de Kayes, Sikasso, Mopti et le district de Bamako sur « l’accès à l’information et la perception de l’information de qualité ». L’objectif de ce sondage était de recueillir l’opinion des communautés des zones d’intervention du projet sur les canaux et moyens d’accès à l’information, ainsi que leur perception sur la qualité de l’information reçue ou véhiculée.
Importance du journaliste
L’enquête a montré que 38% des personnes interviewées utilisent les téléphones portables pour accéder à l’information contre 30% pour les radios et 28% pour les téléviseurs. Cependant, ce taux est variable en fonction de l’âge. Les journalistes sont les premiers acteurs favorisant l’accès à l’information mais aussi une information de qualité. Certaines personnes enquêtées évaluent la fiabilité de l’information à partir de sa source. Et parmi les sources considérées comme fiables, les journalistes viennent en tête. Ce qui indique l’importance du journaliste en tant qu’agent en charge de la production de l’information.
Malgré ce rôle majeur du journaliste quant à l’accès à l’information et l’information de qualité, il est toutefois important de distinguer les journalistes professionnels, des animateurs et des activistes. Car la pluralité médiatique, l’internet et les réseaux sociaux ont multiplié les profils des personnes qui produisent et diffusent l’information. A ce niveau, un autre défi se présente : celui de la capacité de distinction entre les « vraies » et les « fausses » informations.
Si la multiplication des profils de diffuseurs d’information a facilité l’accès à l’information, la qualité s’en trouve par ailleurs affectée à cause de la désinformation devenue plus virale avec les réseaux sociaux. Ce canal, utilisé comme moyen d’accès à l’information, se positionne comme troisième avec 17%, juste après les radios et télévisions nationales. Autrement dit, 17% des personnes enquêtées affirment avoir accès à l’information à travers les réseaux sociaux.
Les médias sociaux, notamment Facebook et WhatsApp, ont simplifié les voies d’information et de communication pour de nombreuses personnes dont les non scolarisés. Ils deviennent ainsi les plus utilisés grâce aux moyens offerts, comme la possibilité de s’informer ou communiquer par vocal. Au-delà du fait que ces informations sont souvent moins techniques en termes de compréhension, cela s’explique également par une large accessibilité à internet estimée à 63% des enquêtés.
Sensibiliser et faire comprendre
Il est important d’avoir accès à l’information mais encore et surtout à la « vraie » information. Et cela demeure un défi face à au phénomène de la désinformation causée par la pluralité de non seulement des diffuseurs d’information mais aussi des commentateurs qui sont très souvent considérés à tort comme des journalistes. Avec l’avènement des réseaux sociaux et l’accès à l’internet, où tout le monde est devenu diffuseur d’information, la situation devient de plus en plus difficile à contrôler.
Dans un contexte socio-politique et sécuritaire aussi tendu comme celui du Mali, la lutte contre la désinformation demeure un des plus grands défis à relever. Et malgré l’engagement tenace des journalistes spécialisés dans la vérification des faits, l’éducation aux médias devient une nécessité. Il s’agit de sensibiliser et faire comprendre aux citoyens comment différencier, évaluer et analyser l’information.
Commencer par le bas si possible, à l’école, en l’inscrivant dans les programmes scolaires dans la mesure du possible. Comme pour paraphraser l’historienne française Anne-Marie Bertrand, l’accès à une information de qualité n’est pas un luxe, mais une nécessité.
Très intéressant