« Raie d’espoir comme saveur de liberté » : poésie sur la souffrance et l’espoir pour le Mali
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« Raie d’espoir comme saveur de liberté » : poésie sur la souffrance et l’espoir pour le Mali

Le recueil de poèmes Raie d’espoir comme saveur de liberté (Figuira Éditions, 2020) est, comme toute poésie, un chant. Le poète Marcellin Issiaka Traoré y chante son espoir, son désespoir, son amour, sa peur et sa souffrance, sa soif de justice et de liberté.

La poésie de Marcellin Issiaka Traoré exprime, sans aucun doute, l’état d’esprit de beaucoup de Maliens, écartelés entre la souffrance et l’espoir des jours meilleurs. Un état d’esprit non pas seulement d’aujourd’hui, mais des trente dernières années. En effet, le recueil rassemble des poèmes écrits entre 1990 et 2020.

C’est ce que témoigne, par exemple, cet extrait : « Nous déposons nos malheurs au bout de la rue/ Espérant que le vent, un matin ou un soir/ Les balaye et les confie à Dieu./ Pas de vent, nos malheurs s’accumulent/ Au quartier le plus proche nous poussons nos malheurs/ Du vent passera sûrement/ Si pas de vent qu’importe/ Les malheurs sont assez loin/ Des nuits tombent, des jours se lèvent et/ De passage, nos malheurs nous suivent au retour/ Faudrait-il les déposer encore au bout de la rue ? »

Une plume magnifique

On pourrait reprocher à Marcellin I. Traoré d’être trop pessimiste, d’exprimer cette souffrance, ces peurs et ces désespoirs que nous aimerions cacher. Qu’importe ! Sa plume est belle et on la savoure sans se presser. C’est ce que témoigne l’écrivaine Fatoumata Keïta, qui a été l’élève de l’auteur au lycée, longtemps avant de devenir son éditrice : « Je me souviens qu’élève déjà, j’adorais lire Marcellin Issiaka Traoré qu’on appelait affectueusement « Batié ». Étudiante, je dévorais toujours ses œuvres : je les lisais et les relisais avec une avidité intarissable, parce que je voulais écrire. Bien écrire comme lui. J’avale aujourd’hui encore tout ce qu’il écrit et je suis capable de reconnaitre sa plume parmi mille autres, car c’est une plume particulière et magnifique qui a bercé mes débuts dans l’écriture ».

« Maudits descendants d’empereurs »

Même si dans la poésie de Marcellin I. Traoré « coule[nt] la souffrance et le désespoir », on sent que son œuvre est celui d’un croyant pour lequel la souffrance n’est pas définitive et la gloire n’est jamais loin. Il n’y a aucune raison que les Maliens demeurent de « maudits descendants d’empereurs ».

C’est curieusement dans le poème intitulé « Cauchemar » que l’espoir est vivement exprimé : « Mon pays n’est pas ce pays où règne la barbarie/ Il n’est pas cette île déserte aux portes de l’océan macabre/ De la géhenne/ C’est mon pays qui se dresse, fière tata d’espoir/ Et de confiance/ Gloire à mon pays qui un jour comblera ses fils ».

Mais cet espoir a un prix : le travail. « Taisons-nous et travaillons pour notre gloire/ Sinon honte à nous ».


  • Raie d’espoir comme saveur de liberté, Marcelin Issiaka Traoré, Figuira Éditions, 2020, 3000 francs CFA

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