Aujourd’hui, le Mali fait face à une crise très complexe dans le Centre, qui devrait nous emmener à faire extrêmement attention aux propos que nous tenons dans les commentaires sur les réseaux sociaux. A cet effet, le blogueur Souleymane Sangaré affirme que ces canaux de communication, surtout Facebook et WathsApp, sont devenus des lieux virtuels où se tiennent des propos très virulents qui, selon lui, n’arrangent rien ni personne.
Au Mali, les réseaux sociaux classiques ont connu une véritable ascension et servent d’espace où les internautes se prononcent sur des sujets qui concernent le pays. En 2016, les statistiques du site World Stats indiquaient que le Mali comptait 2 212 450 utilisateurs d’Internet et plus d’un million étaient sur Facebook où ils commentent ou font des publications sur des sujets de tout ordre.
Souvent, en voyant certains commentaires ou certaines publications, on comprend directement le degré d’ignorance et de haine qui animent certains jeunes Maliens sur la complexité de la crise dans le centre du pays. Quand le massacre des populations du village d’Ogossagou, dans le cercle de Bankass a eu lieu, j’étais en Côte d’ivoire. Lorsque j’ai appris la nouvelle, du coup, je me suis connecté pour en savoir plus via Internet. J’ai alors reçu plein d’images de corps calcinés, accompagnés souvent de messages et de liens dans lesquels on pointe un doigt accusateur vers la communauté dogon.
J’ai cliqué sur un lien qui m’a conduit vers quelque chose de sidérant : j’ai vu des commentaires ou on pouvait lire : « Les Peuls doivent tous être chassés de nos terres car ils sont tous des terroristes, des alliés de Kouffa. » Et un autre commentaire répondant au premier : « Dan Na Ambasagou est une milice à la solde de l’État malien pour exterminer nous, les Peuls, en toute impunité. »
Je n’ai pas pu continuer à lire, tellement j’en avais la chair de poule en imaginant des gens aussi extrémistes des fois dans leur propos. Au lieu de trouver des moyens de calmer les esprits, cela incite à la haine et à la violence, comme à l’époque du génocide rwandais avec le rôle qu’a joué la radio Mille Collines. Si cette radio n’avait pas existé, je crois que beaucoup de choses auraient pu être évitées.
« Il faut appeler à l’apaisement »
Ces commentaires favorisent la dégradation de la situation, et si nous ne prenons garde, tout effort pour l’apaisement sera voué à l’échec.
Ousmane Barry, un ami avec qui j’échange beaucoup sur les réseaux sociaux, m’a dit ceci : « Tu sais, mon ami, je pense que la jeunesse africaine, surtout nos petits frères et sœurs ne connaissent pas réellement l’impact de Facebook, WathsApp et autres. C’est vrai que je suis pour la liberté d’expression, mais de tels propos doivent être sanctionnés comme cela l’a été récemment avec un jeune étudiant qui a écopé d’un an de prison en Côte d’Ivoire pour avoir partagé une publication d’incitation à la violence ».
Cette position radicale est compréhensible, mais peut être dangereuse, et mener à la censure dans certains cas, ce qui n’est pas souhaitable. Mais il est vrai que ces discours de haine ne devraient pas avoir leur place sur Internet. Ce qui est triste, c’est que les auteurs de ces propos ne sont pas des enfants mais des adultes, des chefs de famille. J’appelle à plus de retenue concernant tout ce que nous publions sur les réseaux sociaux. Soyons des promoteurs de la cohésion sociale. Je touche du bois mais, lorsque ce genre de cas comme celui d’Ogossagou arrive, il faut plutôt appeler à l’apaisement, car personne n’a intérêt à ce qu’il y ait dérapage.
En lisant je pense que tu t’adresse non seulement à la jeunesse de ton pays mais à toute cette jeunesse africaine 2.0 qui à en main un puissant outil, qui, peut-être elle ignore la puissance et la capacité du rôle qu’elle pourrait joué dans la cohésion sociale. Si chacun expliquait l’avantage et les inconvenients des réseaux sociaux aux jeunes de sont entourage, je pense que nous pouvons faire beaucoup de bonnes choses avec.
Merci pour l’article !