Sahel : la sécheresse, un obstacle à la sécurité alimentaire et au développement
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Sahel : la sécheresse, un obstacle à la sécurité alimentaire et au développement

Depuis les années 1970, le Sahel a vécu des périodes de sécheresse peu égalées. La zone continue de souffrir du manque de précipitations, causant insécurité alimentaire, migrations, et sous- développement. Le blogueur Mohamed Maouloud Youba nous en parle à l’occasion de la journée mondiale contre la désertification célébrée le 17 juin.

« Quand on a de graves préoccupation alimentaires, on n’a pas beaucoup d’ambition. », disait Michel Audiard, dialoguiste et réalisateur français. L’insécurité alimentaire est un facteur clé dans le développement. Dans les milieux semi-désertiques, comme le Sahel, elle provoque des déplacements de populations vers les zones humides plus au sud, en quête de lieux de pâturages pour les animaux, mais aussi vers des grandes agglomérations à la recherche de conditions de vies meilleures. Ceci fait écho à la définition même du Sahel. C’est une zone aride se situant entre le désert du Sahara au nord et des zones plus humides et verdoyantes au sud.

Selon le Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), la sécheresse rend précaire l’agriculture dans les pays du Sahel. Un de nos proches, concerné par le phénomène, témoigne : « Si une année la pluie ne tombe pas à temps au Sahel, les plantes vont sécher, il en est de même pour le mil. Les puits aussi peuvent s’assécher, si les pluies viennent en retard ». 

Le 17 juin, journée mondiale de lutte contre la désertification, est l’occasion de penser à ces problèmes durables qui représentent un enjeu capital pour les populations du Sahel. Les populations nomades aussi bien que celles vivant de l’agriculture sont touchées.

Un avenir incertain  

En Mauritanie, la quantité d’eau de pluie a connu une diminution de près de 30% entre 2017 et 2018, témoignant de la rapidité du phénomène de l’assèchement au Sahel. Les pluies arrivent de façon irrégulière, parfois tôt, parfois trop tard, créant l’imprévisibilité et l’insécurité alimentaire. Aujourd’hui, les productions agricoles et pastorales sont menacées. Cela vaut doublement dans un État aussi vaste que le Mali. L’élevage constitue au Mali l’une des principales sources de revenu et d’alimentation des populations. C’est une activité plus rapidement touchée par la sécheresse, car l’agriculture permet de préserver des produits dans les greniers. Les dérèglements climatiques créent une transhumance précoce et une forte mortalité animale. Frappé personnellement par la crise de sécheresse en 2017, Sidy, un éleveur, explique qu’une grande partie de la population nomade, face à de telles situations qui affectent leurs principales ressources alimentaires, vend le bétail disponible pour survivre. Le Programme alimentaire mondial(PAM), a estimé qu’en 2019 plus de 559.000 individus ont été en situation d’insécurité alimentaire en Mauritanie pendant la période de soudure qui va de juin à septembre, contre 335.000 en 2018. La sécheresse et les changements climatiques provoquent de la spéculation alimentaire, et la hausse du prix des céréales.

Un fléau 

Au Mali, en 2013, les populations nomades du centre et du nord du pays ont connu une sécheresse catastrophique, comme presque celles des années 1970 et 1980. En 2013 le pays a connu une sécheresse qui a provoqué de la famine et la perte de nombreux cheptels de bétail. Cela a été causé par le manque de fortes précipitations. « Les puits qui profitent à la population nomade sont de profondeurs variables, entre 10 et 80 mètres. Ils sont les seules sources d’eau permanentes pour les humains et les animaux, et aussi pour l’activité de maraichage », explique un éleveur. 

Cela se produit par exemple dans la zone naturelle du grand Gourma où les pluies sont entre 200 et 600 mm par an. Ces pluies sont faibles et leur diminution peu facilement être un facteur d’instabilité catastrophique pour les cultures, qui sont les seuls moyens de subsistance dans cette partie du nord du pays. 

Cette crise de sècheresse n’est pas nouvelle, explique un habitant : « Lorsque les pluies viennent peu, la culture ne marche pas pendant la saison d’hivernage parce que les graines n’ont pas germé. Les légumes ne poussent pas comme il le faut, quand la terre est sèche ». « Nous qui vivons au nord du pays, nous souffrons trop du manque de pluie. Nos cultures sont pratiquement inexistantes, car il pleut moins au nord qu’au sud. », témoigne un cultivateur. Les pasteurs ne sont pas les seuls concernés. 

Le Burkina Faso aussi, au cours des deux dernières décennies, a beaucoup souffert. Cela vaut aussi au Niger. Tous ces pays observent des différences considérables en termes de sécurité alimentaire, entre un nord aride et un sud plus vert.

Aujourd’hui la menace de la sécheresse et la désertification est alarmante. Les dérèglements climatiques ravagent de plus en plus la productivité agricole et pastorale. Les dirigeants du Sahel doivent être plus que jamais déterminés à faire face à cette crise qui les secoue depuis plus de 50 ans, en mobilisant les moyens nécessaires pour des programmes exceptionnels de lutte contre la sécheresse, mais aussi pour la réalisation de l’autosuffisance et la sécurité alimentaires. Autrement, les populations paieront un lourd tribut, et le développement sera mis à mal, surtout avec des crises alimentaires et des flux massifs de population continuels.   

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