Santé : la tradi-thérapie, premier recours pour les patients au Mali
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Santé : la tradi-thérapie, premier recours pour les patients au Mali

Au Mali comme dans de nombreux pays africains, la médecine traditionnelle est le premier recours des populations en cas de maladie. D’autres voient une complémentarité entre la médecine moderne et la tradi-thérapie et se tournent simultanément souvent vers les deux.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la médecine traditionnelle comme se rapportant aux « pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux, de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels – séparément ou en association – pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ».

Selon une estimation de l’OMS, datée de 2006, 80% de la population africaine fait recours à la médecine traditionnelle pour les soins de santé primaires bien qu’utilisant aussi des médicaments issus de pharmacies modernes.

C’est une pratique séculaire, mais toujours prisée. « Je me suis toujours soigné avec les décoctions d’herbes. Depuis tout petit, je voyais mes grands-parents et mes parents se soigner ainsi, ça leur a toujours réussi. De plus, tous les ressortissants de mon village se soignent toujours chez nos tradipraticiens », témoigne Moussa Guindo, agent de sécurité habitant à Bamako, dans la capitale malienne.

Professionnaliser les praticiens

Comme lui, Abdrahmane Sacko, professeur d’histoire-géographie, affirme avoir une entière confiance en la médecine traditionnelle : « J’ai un tonton qui était gravement malade. Pendant des années, on a fait le tour des hôpitaux sans succès. Quelqu’un nous a conseillé de l’emmener dans le Wassolou, à Sikasso. Le traitement a un peu duré, mais aujourd’hui mon oncle est bien portant.»

Selon le Dr Ousmane Diarra, phytothérapeute, Il y a des maladies ici qui ne sont pas trop connues dans les pays occidentaux, comme l’hépatite B et la crise hémorroïdaire interne. « Il y a aussi l’ictère qui est une forme de paludisme que la médecine traditionnelle peut soigner pendant que la médecine moderne peine à guérir », ajoute-t-il.

Les thérapeutes, à travers la Fédération malienne des tradi-thérapeutes et herboristes et le département de la médecine traditionnelle sont nombreux à être inscrits à l’Institut national de recherche en santé publique (INRSP.) L’objectif de ce rapprochement est d’appuyer et professionnaliser les praticiens de la médecine traditionnelle.

Prix abordable

Cependant, d’autres se tournent vers la médecine traditionnelle en raison de son prix abordable. C’est le cas de Alima, vendeuse de fruits à Bamako. « Avec 4000 ou 5 000 francs CFA, on se soigne chez les tradi-thérapeutes. Alors que dans les hôpitaux et cliniques souvent, rien que pour la consultation on paye entre 5000 et 10000 francs CFA, ce qui n’est pas à notre portée. »

Au Mali, il existe une collaboration étroite entre les deux. Des spécialistes de la pharmacologie, comme Pr Rokia Sanogo et Pr Drissa Diallo, essayent de trouver la jonction entre les deux, selon le Dr Aboubacar Sidiki Dramé du Centre hospitalier universitaire du Point G : «Puisque la médecine moderne tire son essence de la médecine traditionnelle, on peut dire qu’il y a des solutions qu’on peut trouver dans la médecine traditionnelle facilement qu’on ne trouvera pas dans le domaine de la médecine moderne », affirme le médecin.

« Le VIH-SIDA et certains types de cancers pour lesquels nous n’avons toujours pas de remède concret commencent à avoir de bons résultats du côté de la médecine traditionnelle », se réjouit Aboubacar Sidiki Dramé. Toutefois, Dr Ousmane Diarra regrette que certains patients attendent d’avoir fait le tour des hôpitaux avant de se diriger vers les tradipraticiens, avec leur malade souvent en phase terminale.

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