La présence ou le retour de l’État sur l’ensemble du territoire national ainsi que la restauration de son autorité est l’un des défis majeurs à relever pour le Mali.
L’État est le garant du bien-être, de la paix et de la sécurité de ses populations. Il assure, par ses actions, la fourniture de services essentiels en vue de répondre à leurs besoins. Un État se doit d’être au plus près des populations, devenir leur premier repère et occuper ainsi toute la place qui lui revient.
Nous sommes pourtant dans un pays où des populations établies sur des pans du territoire ne sentent pas la présence de l’État. La fourniture de services régaliens de l’État, notamment la défense et la sécurité, et des services sociaux de base essentiels aux populations ont fait et continuent à faire défaut. De même, du fait de la posture de certains de ses représentants, notre État a fini par briser la confiance qui le lie aux populations. Toutes choses qui ont favorisé l’enracinement et l’émergence d’acteurs antiétatiques qui ont séduit les populations par leur efficacité et leur volonté de combler le grand vide.
Retour de l’État
La recommandation a été faite aux autorités maliennes, lors des Assises nationales de la refondation (ANR), de « procéder au maillage du territoire par la présence de la sécurité, de l’administration et des services sociaux de base » et de « répartir équitablement les ressources humaines sur l’ensemble du territoire. »
Ces recommandations découlent d’une triste réalité : la faible présence ou l’absence de notre État sur des pans entiers de notre territoire, surtout accentuée par la crise sécuritaire où des populations ainsi abandonnées et laissées à leur sort ont dû improviser en se tournant vers de nouveaux acteurs, plus à mesure d’offrir désormais des réponses concrètes à leurs préoccupations.
C’est pourquoi une reprise en main du pays par l’État malien, à travers sa présence effective sur l’ensemble du territoire national ainsi que la fourniture efficace et régulière des services sociaux de base aux populations est une impérative nécessité. Les défis énormes auxquels le Mali est confronté ne peuvent être relevés que par un État fort et présent, lié à sa population et soutenu par elle, et exerce sa pleine autorité sur son territoire.
Il faut, dès lors, une nouvelle approche de gouvernance qui amènera l’État à se redéployer et étendre sa présence sur l’ensemble du territoire. Cela passe, sans doute, par une déconcentration des ressources humaines à Bamako ou dans les centres-villes en les réaffectant à l’intérieur du pays, mais aussi par une nouvelle politique de recrutement dans la fonction publique pour faire face aux besoins d’hommes. Il faut également investir massivement dans le développement régional ou accorder plus d’autonomie aux régions afin qu’elles puissent créer par elles-mêmes les conditions pour favoriser leur développement et l’épanouissement des populations à travers la construction d’infrastructures et la fourniture régulière des services sociaux de base.
Restaurer l’autorité
L’autre défi majeur consistera à restaurer l’autorité de l’État au Mali. On ne peut pas construire un pays dans le désordre et le laisser-aller. L’État doit exercer son autorité afin que les populations se conforment aux règles établies pour régir chaque domaine de la vie en société. Pour cela, il faut également que ceux qui représentent et exercent un brin de pouvoir au nom de l’État, par leur conduite, inspirent le bon exemple et le respect. Le respect de l’autorité se fait naturellement lorsque la confiance est de mise entre les dirigeants et les citoyens. La crainte et la violence ne sont pas des moyens de gouvernance à long terme, seule la confiance aux dirigeants assure le respect des institutions.
Un nouveau Mali se fera dans un État responsable, qui agit au plus près des populations et impacte positivement leur quotidien. Mais aussi avec une population disciplinée et qui appuie son État à travers des actes de civisme et de citoyenneté.