Le sel gemme de Taoudeni, prisé partout au monde pour ses vertus culinaires et ses propriétés thérapeutiques, est exploité dans des conditions éprouvantes. Les saliniers doivent apprendre à faire face à des conditions climatiques extrêmes. Ils doivent aussi supporter la faim, la soif et la fatigue liées à un travail épuisant. Certains peuvent y laisser la vie, écrit le blogueur Dramane Traoré.
Considéré alors comme une denrée princière, le sel de Taoudeni a contribué pour une grande part au rayonnement économique des célèbres villes de Tombouctou et Djenné depuis plusieurs siècles. Mais son exploitation, réalisée dans des conditions d’atroces souffrances, relève du parcours de combattant.
Situées à environ 730km de la ville de Tombouctou, au cœur de l’immensité désertique du Sahara, les salines de Taoudenni sont exploitées aussi bien par des riches commerçants arabo-berbères que par des modestes populations noires des contrées d’Arouane, Bougebeha et Tombouctou. Si les premiers disposent de moyens assez conséquents pour se payer une main-d’oeuvre à bon marché, les seconds s’y rendent en contractant des dettes auprès des exploitants les plus nantis.
Conditions d’exploitation intenables
Les conditions de vie et de travail des saliniers sont éprouvantes. Sans matériels de protection et avec des instruments rudimentaires, ils passent des journées entières à extraire des barres de sel des galeries profondes. Le travail se fait essentiellement au moyen de pics et pioches. Le climat est rude et peu clément. Ceux qui s’y rendent doivent y réinventer la vie.
Dans un environnement où le moindre faux pas peut coûter la vie, les nouveaux saliniers doivent s’initier à une série de sciences de survie : s’orienter dans l’immensité désertique grâce à la direction du vent et la position du soleil ; se mettre à l’abri des razzias ; pouvoir situer les points d’eau etc. Ils doivent aussi savoir cuisiner et se soigner à l’aide des plantes locales.
Les saliniers doivent aussi supporter la faim, la soif et la fatigue. Malheureusement les moins résistants finissent par craquer et même y laisser la vie.
Les rescapés accueillis en héros.
Les jeunes gens qui réussissent leur premier exploit et qui reviennent dans leurs communautés sont accueillis au son du tambour durant des nuits entières. Des pas de danses raffinés s’esquissent sous le regard enthousiaste d’une foule, venue nombreuse, encourager les danseurs et féliciter les héros. On entonne des airs mélodieux dans lesquels sont déclamés le courage et la bravoure de ceux qui sont revenus des abîmes du désert et qui ont survécu à ce périple.
Environ 700 miniers partagent l’exploitation dans cette zone où tout est à refaire. Le sel de Taoudeni est un véritable trésor que le Mali peut exporter en grande quantité au même titre que l’or et le coton s’il modernise son exploitation. Nouvellement érigée en région, Taoudeni dépend toujours de Tombouctou où toutes les structures sont installées.
Merci pour ce bel article sur le sel de Taoudeni. Il gagnerait à bénéficier d’une appellation protégée et d’une mise en valeur de ses vertus.