Addiction aux écrans : « detiktoktisez-vous ! »
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Addiction aux écrans : « detiktoktisez-vous ! »

Au Mali, TikTok est devenu comme le thé du « grin » : on le consomme sans modération. Une petite vidéo drôle, une danse, une recette, un buzz. Et on ne voit plus le temps passer.

Moi aussi, j’étais tombé dedans et il m’a fallu une désintox. TikTok peut être drôle ou instructif, mais derrière ses vidéos se cache un vrai piège : l’addiction. L’algorithme capte notre attention jusqu’à nous faire perdre la notion du temps. Je l’ai vécu moi-même. Un soir, vers minuit, je reçois un lien sur WhatsApp : « Regarde ça, tu vas mourir de rire ! » Je clique. Une vidéo, puis une autre… Quand j’ai levé les yeux, il était 3h du matin. Trois heures évaporées, sans rien en retour. Ce soir-là, j’ai compris que TikTok ne me volait pas juste du temps. Il grignotait ma vie.

« Si c’est gratuit, c’est toi le produit »

Ce déclic a été un vrai sursaut. J’ai compris que TikTok me prenait plus qu’il ne m’apportait. Je me couchais très tard, et le scrolling en était souvent la cause. Le réveil devenait pénible, avec une fatigue mentale qui s’installait jour après jour. Mon attention s’était fragmentée : lire un article en entier ou me concentrer sur une tâche simple était devenu un effort. J’avais même perdu le fil des conversations réelles, préférant rester dans ma bulle numérique. Mes relations sociales étaient ; au grin, en famille, j’étais toujours sur mon téléphone, et je repoussais sans cesse des tâches importantes.

En cherchant à mieux comprendre le phénomène, j’ai redécouvert une vérité simple mais percutante : « Si c’est gratuit, c’est toi le produit. » Je le savais déjà, bien sûr, mais je viens vraiment de le réaliser. Son algorithme analyse chaque interaction pour nous maintenir captifs et monétiser notre attention auprès des annonceurs, avec des conséquences pourtant bien connues. L’usage excessif augmente le stress, l’anxiété et la fatigue mentale, surtout chez les jeunes, tout en fragilisant l’estime de soi. Il perturbe le sommeil et entretient une fatigue chronique.

J’ai confirmé tout cela après ma petite « detiktokisation », qui a été assez pénible. Sans ce scroll infini, sans ces trois heures perdues par jour, mon esprit était plus léger, plus disponible. Et surtout, j’avais enfin du temps pour autre chose.

Pour limiter TikTok, j’ai utilisé les outils intégrés au téléphone. D’abord, j’ai désactivé toutes les notifications, pour ne plus être attiré en permanence. Ensuite, via Temps d’écran sur iOS (ou Bien-être numérique sur Android), j’ai fixé une limite de 30 minutes par jour. Une fois le quota atteint, l’application se bloque automatiquement. J’ai aussi activé le mode Ne pas déranger le soir, pour éviter le scroll nocturne, et déplacé TikTok dans un dossier secondaire, moins accessible.

Un mal pris au sérieux par les spécialistes

Et je ne suis pas seul à avoir ressenti ces effets, la dépendance aux écrans est un fléau mondiale. Almoustapha Cissé, addictologue, psychiatre et chef de service à l’Établissement public de santé mentale de la Sarthe, est catégorique : « L’addiction aux écrans est aussi grave que la dépendance à la drogue. Quelqu’un de dépendant à Internet n’est pas moins en danger qu’un consommateur de substances illicites. »

Pour s’en sortir, explique Dr Cissé, la personne dépendante a besoin d’un vrai accompagnement thérapeutique. Cela peut inclure des antidépresseurs, mais surtout une thérapie cognitivo-comportementale, avec la participation de l’entourage familial, la réduction drastique du temps d’écran, l’instauration d’activités sportives ou sociales, et des horaires de connexion strictement contrôlés. « On parle de désintoxication technologique. Il faut en parler partout : dans les écoles, les médias, les familles. Il faut informer, alerter, prévenir. »

Depuis que j’ai réduit, je me sens plus présent. Je dors mieux, je me concentre mieux, et surtout j’ai retrouvé du temps pour des choses plus importantes. TikTok est amusant, oui. On y trouve des contenus intéressants. Mais il ne doit pas décider à notre place de comment on vit nos journées. Detiktoktisez-vous !

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