Depuis qu’Amadou Hampâté Bâ a publié L’étrange destin de Wangrin pour la première fois en 1973, ce livre est devenu un grand classique de la littérature africaine. Il gagnera le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1974.
L’étrange destin de Wangrin raconte les aventures réelles d’un homme surnommé Wangrin, et qui se définit lui-même comme « ancien interprète, ancien richard, ancien écrivain public, conteur en exercice et amuseur public sans patente… ». Amadou Hampâté Bâ a utilisé des anagrammes pour changer les noms des personnes et des lieux en racontant l’histoire de son héros, mais un petit exercice de déchiffrage permet de déterminer les grandes étapes de la vie de Wangrin.
Né vers 1880 à Bougouni (Noubigou), Wangrin est un bamanan Traoré qui a fait des études à l’école des otages de Kayes, avant d’entamer sa carrière comme enseignant à Bandiagara (Diagaramba). Parlant plusieurs langues d’Afrique de l’Ouest et maitrisant le français comme un vrai « blanc-blanc », il devint ensuite interprète des « rois de la brousse », comme on surnommait les commandants de cercle, d’abord à Bandiagara puis à Ouahigouya (Yagouwahi), Ouagadougou (Goudougaoua) et Bobo-Dioulasso (Diassola) dans l’actuel Burkina Faso.
Cherchant toujours les occasions de s’enrichir par tous les moyens, Wangrin accumule une grande fortune, d’abord en détournant des milliers de vaches destinées à l’effort de guerre pendant la première guerre mondiale, puis en monnayant son influence lors de la nomination des chefs traditionnels. Il décide ensuite de démissionner de l’administration et devient l’un des plus riches commerçants d’Afrique de l’Ouest. Il mourut à Bobo Dioulasso après avoir perdu toute sa fortune.
Servir d’enseignement
Wangrin a demandé à Amadou Hampâté Bâ d’écrire son histoire parce qu’il était convaincu que ce livre « non seulement divertira les hommes, mais leur servira d’enseignement ». Ce double objectif est parfaitement atteint. L’étrange destin de Wangrin sert de divertissement, d’abord parce qu’il est superbement écrit, grâce aux talents extraordinaires de conteur de son auteur. Mais le héros de l’histoire, Wangrin, est aussi un personnage qui a « ce don extrêmement rare qui consiste, quoi qu’il arrive, à savoir rire et de la vie et de soi-même », comme l’écrit l’auteur.
Mais, il y a aussi plusieurs leçons à tirer de l’histoire extraordinaire de Wangrin. L’une de ces leçons, à mon avis, est que L’étrange destin de Wangrin, comme tous les grands romans, nous permet de comprendre la complexité de la nature humaine. Wangrin était à la fois un bandit et un saint, qui volait aux riches et donnait aux pauvres. Ses qualités et ses défauts étaient très intenses, et il avait une grande capacité à régler les problèmes les plus complexes.
Ni plus grand, ni plus petit que les Blancs
Mais l’histoire de Wangrin est aussi l’histoire d’un homme africain qui n’est ni plus grand, ni plus petit que les Blancs. À mon avis, son histoire fait écho à celle de Samba Diallo, le héros de L’aventure ambiguë de Cheick Hamidou Kane.
Dans ce dernier livre, la Grande Royale insiste pour que Samba Diallo aille à l’école des Blancs afin d’apprendre cet art de « vaincre sans avoir raison ». Dans L’étrange destin de Wangrin, on a affaire à un homme qui maitrise cet art aussi bien, ou même mieux que les Blancs.
Je remercie d’abord celui qui a pu nous partager l’histoire de cet homme qui s’appelle wangrin car en lisant ce livre lon à prennent beaucoup des choses…une fois encore merci à vous le grand sage Amadou Hampaté bâ