Covid-19 et bacheliers : l’angoisse des parents
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Covid-19 et bacheliers : l’angoisse des parents

L’irruption de la Covid-19 en mars 2020 a davantage perturbé le calendrier scolaire voire dans les universités. Ainsi, les examens de fin d’années ont lieu tardivement. Le baccalauréat, le dernier de la série, s’est tenu en août. Les parents sont angoissés : leurs enfants pourront-ils s’inscrire à temps dans les universités à l’étranger ?

Cet article a d’abord été publié par le journal Mali Tribune.

La hantise des parents commence. « Je voudrais que mon enfant aille étudier au Canada. Mais, nous allons perdre une année. La fin des inscriptions est pour fin août. Or, parmi les pièces à fournir, il faut l’attestation du bac », explique Bakary Kané. Il est rejoint par Oumou sidibé, élève. « Je me suis inscrite à Campus France. Tous les jours, on me demande de compléter mon inscription. Or, le bac n’a pas lieu. Même si je passe cette année, je risque de perdre mon année. Je suis vraiment désemparée », dit-elle.

Wassa Koné, étudiante à l’Institut universitaire de gestion (IUG), a eu le bac en 2019 mais traine toujours en première année. « Je suis vraiment découragée. Certains de mes camarades viennent de finir la licence 2 dans des universités privées et nous, on n’a toujours pas fini avec les modules de la licence 1 », s’emporte -t-elle.

Parents désemparés

Si la situation est pénible pour les étudiants dans les universités publiques, elle semble encore plus contraignante et complexe pour ceux  inscrits dans des écoles privées ou encore souhaitant aller poursuivre leurs études supérieures à l’étranger.

Maria Dembélé, bachelier de 2020, allait perdre son année scolaire si son père ne l’avait pas forcée à s’inscrire à des cours d’anglais et d’autres formations. Elle souhaitait voyager juste après les résultats, « mais malheureusement j’étais en retard pour l’inscription. Là je suis dans les courses pour faire mes papiers et en espérant pouvoir m’inscrire à temps au compte de l’année 2022 ».

Moussa Coulibaly, inscrit dans une université privée, fait lui aussi part de son désarroi : « Je suis à la fois chanceux et malheureux. J’ai eu mon bac lors de la session dernière, je me sens perdu car je subis un changement brusque. On fait des cours en ligne et honnêtement je ne m’y habitue pas jusqu’à présent. Les cours en présentiel sont plus vivants et souvent c’est l’ambiance de la classe qui me manque vraiment. Je n’avais jamais connu ça. »

Pendant ce temps, les parents d’élèves se sentent désarmés face à la situation scolaire de leurs enfants. Oumar Sylla, cadre de banque, « trouve que c’est vraiment écœurant, en tant que parent, de voir son enfant réussir son examen et le voir traîner à la maison des mois et des mois pendant que certains de leurs camarades ont déjà pris une longueur d’avance sur lui ».

« Rien ne va dans ce pays, nos enfants subissent les conséquences de la crise sanitaire, mais aussi et surtout des revendications des enseignants », ajoute Mariam Sidibé, couturière.

Examens tardifs

« Effectivement, les bacheliers maliens sont confrontés aux conséquences des examens tardifs depuis quelques années, reconnait le colonel Ousmane Dembélé, directeur du Centre national des œuvres universitaires (Cnou). Les étudiants qui poursuivent des études supérieures au Mali n’ont pas de problème. Ceux qui veulent aller à l’étranger ont des difficultés pour s’inscrire à cause des délais. Certains sont obligés d’attendre l’année suivante pour s’inscrire ou de voir avec la structure d’accueil s’il y a une possibilité de prendre le train en marche ». L’autre difficulté pour les étudiants, selon M. Dembélé, ce sont les cours en ligne : « C’est vrai que « prendre des cours en ligne » n’est pas vulgarisé au Mali ».

Mais, l’expérience a montré que les étudiants, une fois à l’extérieur, s’adaptent très vite– non sans difficultés. De façon générale, tout change : les habitudes, le repas, la façon de prendre le cours (même en présentiel ). L’étudiant doit développer, très rapidement, une capacité d’adaptation, ajoute le directeur du Cnou.

« A la date d’aujourd’hui, nous continuons à recevoir de nouvelles inscriptions de bacheliers 2020 au Cnou. Ce sont les IES (universités, grandes écoles, instituts, …) qui nous envoient les inscriptions. C’est vrai qu’ils envoient aussi au Cnou très souvent en retard. Donc, on peut trouver l’information actualisée seulement au niveau des IES », a-t-il conclu.


 Cet article a été publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les droits humains et Affaires Mondiales Canada.

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