Covid-19 et VBG : les contraintes de la prise en charge des victimes
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Covid-19 et VBG : les contraintes de la prise en charge des victimes

Au Mali, comme dans nombre de pays du monde, les violences basées sur le genre (VBG) sont le quotidien de certaines femmes. Toutefois, des efforts sont conjugués au plan socio-sanitaire par les autorités, les ONG et les organisations de la société civile pour porter secours aux victimes, y compris en cette période de Covid-19.

Au Mali, les mesures concrètes prises par les autorités pour lutter contre les violences basées sur le genre (VBG) ne manquent pas. Entre autres, il y a eu : la mise en place des comités d’alerte et d’éveil villageois et communaux sur les VBG dans les localités de Kayes, Sikasso, Koulikoro, Ségou, Mopti et Bamako ; l’existence d’espaces d’écoute de la Commission vérité, justice et réconciliation ; la mise en échelle des One stop center ; la création du Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (PNVBG). Des initiatives fonctionnelles même en ce temps de Covid-19, alors que certains responsables avouent constater une hausse des cas de violence en période de couvre-feu.

« En matière de VBG, la déclaration est un peu taboue, un peu honteuse pour la plupart des victimes qui sont des femmes. Elles craignent d’être stigmatisées », explique Mme Daou Wellore Kodio, cheffe de la division prise en charge des victimes de VBG au Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (PNVBG). Toutefois, pour les mettre en confiance, le gouvernement a mis en place des One stop center accessibles à Bamako et dans les régions.

Prise en charge multidisciplinaire

Mais au début de la pandémie de Covid-19, de peur d’attraper la maladie, les victimes de VBG avaient peur de se rendre sur ces sites. Cela, bien que les assistances psycho-sociales, médicales, sécuritaires, juridiques et judiciaires soient garanties. « Quand le gouvernement a instauré le couvre-feu, certains de ces sites ont constaté une hausse des cas de violences basées sur le genre. Car, en ces temps-ci, les couples étaient obligés de rester ensemble », poursuit Wellore Kodio.

Dans le premier centre holistique One stop center ou Sigui ou Guichet unique sis au centre de santé de référence de la commune V du district de Bamako, le coordinateur Dr Adama Dembélé affirme : « La Covid-19 n’a pas impacté le fonctionnement des soins apportés aux victimes. La prise en charge demeure continuelle. Seulement elle a juste augmenté le nombre de cas en période de couvre-feu. Il y avait plus de victimes qui se présentaient au centre pour des violences exercées par leurs partenaires. »

Ainsi, au titre de l’année écoulée, la fréquence des différents cas de violences basées sur le genre (VBG) enregistrés et pris en charge par le centre est de 300 personnes, dont 297 femmes et 3 hommes. Mais, précise Dr Dembélé, « les VBG sont un phénomène social entouré de tabous ». « Elles se révèlent sous multiples aspects et leurs conséquences sont désastreuses. La prise en charge est multidisciplinaire, c’est pourquoi la collaboration de tous les services est indispensable. Ainsi, Covid-19 ou pas, si besoin est, les victimes bénéficient de cet accompagnement multidisciplinaire sans faille », insiste-t-il.

Hausse des cas

Il est à noter que certaines structures non gouvernementales et des ONG nationales collaborent avec les autorités pour apporter un secours aux victimes ou survivantes de VBG à travers les mêmes assistances voire offrir des hébergements temporels. Cependant, en temps de Covid-19, celles-ci ne cachent pas non plus la hausse des cas de violences basées sur le genre, surtout au moment du couvre-feu.

A l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (APDF), une ONG nationale travaillant pour promouvoir l’automatisation de la femme, la chargée du volet sensibilisation, Fatoumata Siré, dira qu’en temps de Covid-19 « il y a eu une augmentation des cas de violence basées sur le genre, surtout en temps de couvre-feu. « Car, les couples étaient amenés à rester ensemble. Toutes choses qui ne sont pas sans disputes. En 2020, l’APDF a accompagnée plus de 400 victimes de VBG en 2020. Il en va de la prise en charge holistique (médiale, psychologique et judicaire) vu qu’elle dispose de trois sites d’hébergements à Bamako, Mopti et Gao. » a-t-elle ajouté.


  • Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada

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