La pandémie de coronavirus ravive les querelles entre coépouses. Certaines trouvent un prétexte pour accuser leurs rivales de porter le virus au moindre éternuement ou toussotement. Au-delà de la rivalité, les foyers polygames sont exposés à la maladie.
La pandémie de la Covid-19, qui est partie de la ville de Wuhan, en Chine, a pris le monde entier au dépourvu. Au Mali, les premiers cas positifs ont été enregistrés au mois de mars 2020. Des mesures ont aussitôt été adoptées par le gouvernement pour empêcher la propagation du virus.
À l’opposé des couples monogames, certains foyers polygames font face à beaucoup de problèmes quant à la gestion des mesures barrières ainsi que le couvre-feu avant sa levée. Connaissant les tensions qui règnent au sein de ces couples, des femmes ont profité de la situation pour soupçonner leurs coépouses d’être atteintes de la Covid-19 au moindre rhume ou éternuement.
Des joutes verbales au quotidien
Le Mali est un pays laïc avec une écrasante majorité de musulmans et de foyers polygames. Même si la vie des couples polygames change selon les communautés, les milieux, les rivalités sont presque les mêmes.
Les coépouses ne s’aiment pas particulièrement et nous savons tous pourquoi : elles partagent le même homme. Rongées par la jalousie réciproque, elles se détestent au point de se livrer au quotidien des joutes verbales. Certaines en arrivent aux mains fréquemment : « Ce n’est vraiment pas facile d’être polygame. Je dois toujours trancher, apaiser un conflit quand je rentre du boulot. Je suis devenu juge alors que je n’ai jamais étudié le droit », ironise Oumar, un polygame marié à trois femmes, visiblement fatigué de cette vie qu’il a pourtant choisie.
Avec le Sida et d’autres maladies sexuellement transmissibles, les femmes ont commencé à en avoir marre. Elles se disent qu’une rivale infidèle peut filer une maladie à l’homme qui, à son tour, les exposera. Sans jamais s’imaginer que l’homme pourrait les tromper toutes les deux et donc contracter ces maladies à l’extérieur.
Se rendre dans un centre de santé en cas de doute
Une amie, depuis quelque temps, se demande si sa coépouse n’avait pas le coronavirus : « Elle passe son temps à tousser et à éternuer. J’ai dit à mon mari d’exiger qu’elle fasse le test, mais il ne me prend pas au sérieux », s’inquiète-t-elle. Il est vrai que les relations entre coépouses ne sont toujours pas au beau fixe, mais en cas de symptômes, le minimum est de se rendre dans le centre de santé le plus proche pour lever les doutes et protéger son entourage en cas de contamination.
En effet, la contamination au coronavirus est facile pour des personnes partageant le même environnement. En ce qui concerne des femmes qui partagent le même homme, à intervalle régulier, deux nuits par épouses le plus souvent, le risque est énorme. L’homme, durant cette période de pandémie, peut-il se passer de ses femmes ? Non ! L’une des épouses peut-elle accepter que l’homme soit seulement avec l’autre durant toute la période de la pandémie ? Non également.
Vecteur de transmission
Je pense que mon amie a raison de s’inquiéter, même si je trouve qu’elle exagère : « Je ne peux même pas essayer de la sensibiliser. Elle n’écoute pas. Même si elle portait un masque pour sortir, je sais qu’elle le laisserait tomber une fois dehors. Sa surdité est effarante », déclare-t-elle. Avant d’ajouter : « Je ne le souhaite pas, mais si jamais ma coépouse choppe le coronavirus, c’est du travail en plus pour moi. Car je serai obligée de m’occuper de ses enfants jusqu’à son retour du centre de traitement. »
Tout le monde peut attraper la Covid-19 et être un vecteur de transmission. J’espère en tout cas que mon amie, sa coépouse tout comme son mari ne sont pas porteurs du virus. En cas de suspicions prendre contact avec les services appropriés.