Alors qu’elles constituent la moitié de la population mondiale et sont plus affectées par la Covid-19, les femmes ne jouent aucun rôle dans les instances de gestion de la crise sanitaire et dans les perspectives de l’après-coronavirus.
La Covid-19 semble vouloir accompagner jusqu’à la fin une année 2020 bercée par un requiem lancinant pour les milliers de victimes. Face à la persistance de la maladie, l’après-coronavirus s’annonce pessimiste. Le monde, comme nous l’avons connu, va très certainement disparaître sans emporter avec lui son lot de souffrances et d’inégalités.
Les femmes et les hommes ont été exposés de façon différente aux risques engendrés ou accentués par la Covid-19. En première ligne dans le milieu de la santé et des autres services sociaux, les femmes restent les plus affectées par les pertes d’emplois, l’insécurité financière et la violence. À cela, s’ajoute le fragile équilibre entre boulot et vie de famille. Autant de facteurs qui sapent des décennies de lutte sur fond de laxisme et d’inégalité entre les sexes.
En réaction à l’accroissement des inégalités engendrées par la Covid-19, il est essentiel d’établir un nouvel ordre mondial plus inclusif et d’envisager des réponses politiques tenant compte du genre.
« Elles survivent, ils causent »
« Elles survivent, ils causent ». Cette phrase résume à elle seule le bilan de cette année 2020. Pendant que les femmes sont les plus touchées par la Covid-19 et reléguées au second plan dans la prise de décisions pour freiner la pandémie, les hommes pensent, anticipent, interrogent et décident de l’avenir comme le dénonce le hashtag #Coronaviril, apparu pendant le confinement.
«Le coronavirus à exacerbé un certain nombre de crises, et notamment la crise viriliste.»
Dans #Alairlibre, @ManonAubryFr revient sur le message et les enjeux du meeting #coronaviril ▶️ https://t.co/dtDF7iqUyX pic.twitter.com/vtVcq3X8NW
— Mediapart (@Mediapart) May 15, 2020
Une enquête, réalisée par Equipop sur l’impact de la Covid-19 sur les femmes auprès d’associations et d’activistes mobilisées sur plusieurs territoires de l’Afrique de l’Ouest, révèle que quasiment aucune mesure gouvernementale spécifique n’a été mise en place au profit des femmes. Notamment pour soutenir les femmes du secteur informel, les sensibiliser contre les violences faites aux femmes ou encore diminuer la charge domestique des femmes.
Le rapport souligne, par ailleurs, la faible implication des ministères chargés des droits des femmes dans les groupes de travail ou de coordination sur la Covid-19. Les postes de responsabilité ne sont pas confiés à des femmes ou sont confiés de façon temporaire avant d’être repris par des hommes, dénonce l’étude.
Une réponse « sexospécifique »
Il est important de pouvoir accéder à des postes clés favorisant la prise de décisions et la mise en place d’actions concrètes. La lutte contre les effets de la crise liée au coronavirus doit prendre en compte la «sexospécificité», se rapportant aux rôles, aux comportements, aux activités et aux attributs sociaux qu’une société donnée considère comme appropriés pour les hommes et pour les femmes.
Les femmes représentent 50 % de la population mondiale. Il est clair que tout effort pour atténuer les conséquences de la Covid-19 n’impliquant pas la dimension genre risque d’être inefficace. Une réponse féministe doit être au cœur de la riposte post-coronavirus, tout simplement parce qu’on ne peut envisager une sortie de crise si les besoins de la moitié de la population mondiale sont ignorés.
J’avais regardé les images
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