L’irruption de la Covid-19 a impacté négativement l’autonomisation des femmes. Les inégalités entre les sexes, en termes d’opportunités, se sont creusées.
La Covid-19 a plus que jamais ravivé le débat sur la condition féminine à travers le monde. Au-delà des conséquences sanitaires, cette pandémie a exacerbé de façon flagrante les inégalités majeures qui existent entre les riches et les pauvres, entre les femmes et les hommes. La crise sanitaire agit à la fois comme un révélateur et un facteur aggravant de ces inégalités. Cela se reflète grandement dans le domaine économique.
Les femmes, à travers le monde, gagnent moins, épargnent moins, ont moins d’emplois stables et travaillent davantage dans le secteur informel. D’après un rapport d’enquête de l’Equipop sur l’impact de la Covid-19, 92,3% des femmes actives en Afrique de l’Ouest (hors secteur agricole) travaillent dans le secteur informel. Dans une note de synthèse, publiée en avril 2020, l’ONU rapporte que les femmes âgées de 25 à 34 ans ont une probabilité de vivre dans l’extrême pauvreté.
Travaillant principalement dans le secteur des services, elles ont été plus touchées par les mesures de licenciements. Cela complique grandement leurs capacités à se prendre en charge ainsi que leurs familles, notamment dans les foyers monoparentaux.
Travail des femmes sous-évalué
La situation est pire dans les économies en développement, car peu de femmes bénéficient d’une protection contre les licenciements ou de congés de maladie payés. Pour les femmes maliennes, l’indépendance économique ne va pas de soi. Entre travaux domestiques et dépendance de leurs maris, le travail des femmes est tout simplement sous-évalué. En d’autres termes, qu’une femme travaille ou non en dehors de son foyer, elle n’a qu’un salaire d’appoint.
La violence conjugale et la dépendance financière font trop souvent bon ménage. Les mesures de confinement et de couvre-feu visaient à protéger les populations du virus. Pourtant, le travail des femmes evoluant dans le domaine informel dépend des interactions sociales, qui ont été limitées pour en finir avec la propagation de la pandémie. Les effets secondaires ont été dramatiques pour celles enfermées avec des conjoints ou des familles violentes et sans possibilité d’y échapper. D’où l’urgence de prévenir et de prendre en charge les cas de violences domestiques.
Démystifier l’autonomisation des femmes
L’absence d’autonomie financière engendre le plus souvent une dépendance psychologique, qui conduit les personnes dépendantes à ne plus avoir confiance en elles. Cette situation entraîne une fuite face aux responsabilités. Alors, s’ensuit une réduction de la liberté de choix qui s’apparente à une acceptation de sa condition.
La majorité des emplois qui sont occupés par des femmes génère des revenus faibles. Parler d’autonomie financière, c’est parler de liberté, de valeurs mais aussi de préjugés qui entourent le rôle de la femme en tant que mère. Il s’agit aussi de démystifier l’autonomisation de la femme perçue comme de l’égoïsme, du matérialisme. Il faut reconnaître les femmes comme des êtres économiques à part entière, qui doivent disposer librement de ressources financières pour satisfaire leurs besoins.