« Faute de visa de transit pour la France » : comment j’ai raté le Global Fact 12, le sommet mondial dédié au fact-checking
article comment count is: 0

« Faute de visa de transit pour la France » : comment j’ai raté le Global Fact 12, le sommet mondial dédié au fact-checking

La 12ème édition de la conférence internationale sur la vérification des faits, « Global Fact 12 », s’est tenue du 23 au 25 juin à Rio de Janeiro, au Brésil. Invité à participer à ce rendez-vous annuel des journalistes, spécialistes dans la vérification des faits et experts, je n’ai finalement pu effectuer le voyage sur Rio. Je vous raconte mon infortune.

Après avoir reçu l’invitation à participer à cet important sommet, je me renseigne auprès d’une collègue – qui avait déjà effectué un voyage au Brésil – sur les procédures de demande de visa. Les informations obtenues, je m’attèle à rassembler les documents et prends rendez-vous auprès du service consulaire de l’Ambassade du Brésil à Bamako.

L’obtention du visa brésilien se fait sans difficulté. Cerise sur le gâteau, j’obtiens un visa d’une année. Mon itinéraire, établi par l’agence, me faisait prendre un vol Royal Air Maroc à Bamako pour, ensuite, un vol de la compagnie Air France à Casablanca pour une escale en France avant de poursuivre vers Rio. Cette escale française sera le « trou noir » de mon voyage à l’image de ma présentation lors du sommet qui avait pour titre « Les ‘’fact-checkers’’ dans le trou noir de l’information »

Victime d’un manque d’information

Le 22 juin, à l’aéroport de Bamako, j’arrive à embarquer dans le vol Royal Air Maroc de 19 heures 50 minutes. Après environ 4 heures de vol, nous atterrissons à l’aéroport Mohamed V de Casablanca. Lors du contrôle avant d’accéder à la salle d’embarquement pour mon vol sur Rio via Paris, une surprise m’attend : l’agent chargé du contrôle m’informe que je ne peux pas embarquer pour Paris, faute de visa de transit pour la France. « Mais je ne sors même pas de l’aéroport à Paris », ai-je avancé comme explication, pensant que le transit international n’exigeait pas un visa supplémentaire pour un ressortissant malien. L’agent, calmement, retorque que certaines escales nécessitent un visa, selon la nationalité du voyageur.

Et pour les Maliens, la France en fait partie. Pour crédibiliser ses dires, l’agent du nom de Abou Bakr, m’a invité à aller vérifier sur Internet. Après vérification, j’étais en colère, contre personne à part moi-même. En effet, un Malien voyageant vers le Brésil, avec une escale à Paris, a besoin d’un visa de transit aéroportuaire Schengen, s’il doit quitter la zone de transit international de l’aéroport pendant son escale.

Moi qui devais participer à une rencontre internationale pour défendre l’accès à l’information et l’importance de la vérification des faits, me voilà victime d’un manque d’information sur les exigences de transit en Europe faute de vérification. Ni l’agence, ni les agents aéroportuaires à Bamako ne m’avaient alerté sur cette exigence particulière.

Mobilité des journalistes

J’ai alors demandé à l’agent quelles étaient les options qui s’offraient à moi. Il m’a expliqué que je pouvais soit acheter un billet pour le vol Royal Air Maroc qui part sur Rio à 16 heures soit acheter un billet pour retourner à Bamako. Maintenant, il ne me restait qu’à informer l’organisation qui prenait en charge mon voyage. Le hic est qu’avec le décalage horaire, mon interlocutrice dormait sans doute. Néanmoins, je lui ai laissé un mail et un message WhatsApp. Je suis donc resté dans la zone de transit entre 1h du matin et 10 h au Maroc. Après avoir reçu mes messages, mon interlocutrice a d’abord consulté sa hiérarchie, avant de choisir l’option la moins couteuse : mon retour à Bamako.

Ainsi, un billet sur le vol de Royal du mardi à destination de Bamako m’a été envoyé. Le vol prévu pour 22h45, à Casablanca, il fallait encore patienter plusieurs heures. Néanmoins, j’ai pu accéder à la salle d’embarquement où je pouvais prendre un café ou un sandwich. Le résultat de tout cette mésaventure : un billet inutilisable, des frais perdus, et surtout une occasion manquée de représenter mon pays et mon média dans un espace crucial pour notre profession.

Le sommet mondial, qui devait être l’occasion de rencontres et d’échanges sur la lutte contre la désinformation, s’est déroulé sans moi. Bien que mon histoire rappelle l’importance de s’informer sur les exigences de transit, elle soulève aussi le débat de la mobilité des journalistes qui reste entravée par des barrières administratives. Un visa obtenu pour la destination finale ne suffit pas toujours. Chaque escale peut devenir un obstacle imprévu, surtout dans l’espace Schengen où les règles de transit varient selon les nationalités et les aéroports.

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion