Les femmes du secteur minier malien : un plaidoyer pour l’équité
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Les femmes du secteur minier malien : un plaidoyer pour l’équité

Le 1er mai 2025, le Mali a célébré la Journée internationale des travailleurs. Salimata Sangaré, experte en fiscalité minière, rend hommage aux femmes du secteur minier, dont le travail soutient l’économie. Concilier vie professionnelle et familiale reste un défi majeur pour ces dernières. Elle plaide pour des conditions de travail plus justes, non seulement pour l’équité, mais aussi pour une industrie plus performante.

Le secteur minier, qui représente 10 % du PIB malien et plus de 70 % des exportations, évolue. Les femmes y occupent désormais des postes variés : ingénieures, géologues, techniciennes, ou concasseuses dans l’exploitation artisanale. Cette présence croissante défie l’idée d’une industrie exclusivement masculine. Pourtant, le constat est que leur nombre reste limité.

Les horaires rigides, les sites éloignés des centres familiaux, et les attentes culturelles qui les confinent aux responsabilités domestiques compliquent leur quotidien. Trop souvent, les entreprises négligent la dimension du genre dans leurs politiques, rendant l’équilibre travail-famille presque impossible.

Un système inadapté

Je mesure les impacts de cette absence de conciliation. Les femmes du secteur minier subissent une surcharge mentale, une santé fragilisée, et parfois un ralentissement de leur carrière. Leurs familles souffrent de déséquilibres affectifs, de tensions conjugales, ou d’un isolement des enfants. Les entreprises, quant à elles, perdent des talents à cause du désengagement ou des départs.

En tant que fiscaliste, je vois aussi un coût sociétal : ces difficultés perpétuent les inégalités de genre, freinant un développement inclusif. Soutenir ces femmes est une exigence de justice, mais aussi une opportunité pour renforcer la durabilité du secteur.

Je suis particulièrement frappée par la situation des femmes dans l’exploitation artisanale, où elles forment une main-d’œuvre essentielle. Leur travail, souvent informel et mal rémunéré, s’effectue sans protection sociale. Elles manipulent des substances dangereuses comme le mercure, dans des zones dépourvues d’eau potable ou d’installations sanitaires. Dans les mines industrielles, malgré des avancées, je note des écarts salariaux, une sous-représentation dans les postes de direction, et des cas de harcèlement ignorés. La charge mentale des femmes, principales responsables du foyer dans notre société, est écrasante. Ces réalités, souvent invisibles, exigent une réforme urgente.

Pour un secteur plus humain

Je crois en des solutions concrètes pour transformer le secteur minier. Les entreprises doivent proposer des horaires flexibles, des crèches sur site, et des logements familiaux. Renforcer les congés parentaux et accompagner les mères après la maternité est indispensable. Éliminer les stéréotypes sexistes dans les promotions est tout aussi urgent. Je demande à l’État d’intégrer la conciliation travail-famille dans les réglementations minières et d’offrir des incitations fiscales aux entreprises qui soutiennent leurs salariées. Les ONG doivent continuer à défendre les droits des femmes. Enfin, j’appelle nos communautés à valoriser le travail féminin et à encourager la solidarité entre femmes à travers des réseaux de soutien.

Je célèbre les femmes qui font vivre le secteur minier, qu’elles extraient le minerai ou dirigent des équipes. Une femme bien formée, protégée, et libre de concilier travail et famille est une force pour notre industrie. Une entreprise qui investit dans l’égalité gagne en innovation et en stabilité. Un secteur inclusif favorise la paix sociale et le progrès. Je suis convaincue que repenser l’organisation du travail bénéficiera aux familles, aux entreprises, et à l’ensemble du Mali.

Concilier vie professionnelle et familiale n’est pas un luxe pour les femmes du secteur minier : c’est une nécessité. Elles méritent reconnaissance, sécurité et équité. Elles veulent contribuer à la prospérité du Mali sans sacrifier leur rôle de mères, de filles ou d’épouses. En cette fête du travail, j’invite les décideurs, les professionnels et les citoyens à agir. Construire un secteur minier durable, c’est reconnaître la valeur des femmes qui, trop souvent dans l’ombre, en sont l’âme.

Engageons-nous pour un avenir plus juste.

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