Dans ce billet humoristique, le blogueur Wamserou compare le Mali à un corps humain possédé par un esprit maléfique (« Ganji futu »). Il propose que le pays soit confié à un zimma (« thérapeute ») pour une cérémonie d’exorcisme afin de le libérer du Ganji futu.
Pour captiver l’attention de son auditoire, le communicateur traditionnel africain utilise fréquemment les leçons et morales tirées des contes, légendes, anecdotes, histoires vécues, métaphores, etc. Cette méthode a l’avantage de faire de l’auditoire un agent actif dans le processus de communication. Nous allons nous adonner à cet exercice en vous proposant une valeur sociétale bien de chez-nous.
En milieu songhay-zarma, quand un individu est sujet à des désordres du corps et de l’esprit, il consulte plusieurs spécialistes : médecins traditionnels et modernes, devins, marabouts etc. Si tous ces différents spécialistes ne donnent pas satisfaction, on soupçonne des génies d’être responsables de ces désordres. On se confie alors au responsable des génies appelé zimma qui, par une cérémonie particulière, kaa tare, identifie le génie malfaisant qui a investi le corps du patient.
Danse rituelle
Au cours d’une danse rituelle, le holle horey, il s’exprimera à travers la bouche du patient. Le possédé est sujet à des crises répétitives. Si par contre, au cours de la cérémonie du kaa tare, le génie n’est pas identifié, alors on estime qu’on a à faire à un génie malfaisant, sauvage et méchant, ganji futu. Dans ce cas, le zimma a la capacité de guérir le patient en extrayant le ganji futu du corps par des procédures d’exorcisme. Le zimma est donc une sorte de thérapeute.
A travers cet exposé, on n’a pas besoin d’être futé pour comprendre que le corps malade est le Mali dans sa situation actuelle. En effet, les différents scandales révélés récemment dans la presse, les différentes manifestations pour protester contre des irrégularités financières, les violences qui s’accentuent notamment au centre du pays où la situation va de mal en pis, l’incapacité des forces de l’ordre à répondre à l’appel des populations pour assurer leur sécurité, l’ébullition du front social, la grève des enseignants qui a failli nous coûter une année blanche, font qu’aujourd’hui notre pays reste un grand malade. Alors, une question se pose est : quels sont les génies responsables de ces désordres ?
Le remède dans les mains des Maliens
Pour notre part, nous préférons croire qu’après la cérémonie du kaa tare, le zimma n’a pas pu identifier le génie malfaisant et que finalement on a à faire à un ganji futu. Et donc, le patient pourrait guérir par des procédures d’exorcisme. De quel exorcisme s’agit-il alors ? Est-ce cette pratique religieuse ou magique qui consiste à vouloir chasser les démons qui ont pris possession d’une personne, d’un lieu, d’un objet ?
Nos différents religieux musulmans et chrétiens ne disent-ils pas prier pour la paix dans notre pays ? Même si certaines prières sont plutôt politiques que citoyennes.
Le patient Mali mérite que tous ses fils, quels que soient leur sexe, religion et appartenance politique se retrouvent pour constituer le zimma, le thérapeute, qui le libérera du ganji futu qui l’habite, car son Zimma principal (le président de la République) est aussi possédé par le Ganji Futu. Et une des principales procédures d’exorcisme sera nécessairement un grand débat national. Alors, pour la santé du Mali que le débat commence !