Un rapport du groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU interpelle sur l’augmentation inquiétante des cas de violences sexuelles impliquant majoritairement des acteurs armés, notamment dans les régions du nord et du centre du Mali.
Entre 2012 et 2019, 2 0311 cas de violences sexistes ont été signalés au Mali, selon un rapport confidentiel du comité d’experts des Nations unies. Parmi les victimes, « 98 % étaient des femmes, dont 36% âgées de moins de 18 ans », notent les experts onusiens.
Par ailleurs, ils ont établi un lien entre l’augmentation des violences et la situation de conflit et d’insécurité généralisée, qui alimente les violations des droits de l’homme, avec la faiblesse du système judiciaire et l’État de droit. « L’impunité qui prévaut alimente la violence sexiste et la violence sexuelle », estiment par ailleurs les experts.
Des garçons victimes de violence sexuelle
De janvier à novembre 2019, d’après la même la source, « 4 157 cas de violence sexiste ont été signalés au Mali. 97% des survivants étaient des femmes, dont 50% avaient moins de 18 ans, 3% des hommes et 2% des garçons de moins de 18 ans ». Les données recueillies montrent que « 47% des cas signalés étaient des cas de violence sexuelle, 21% de viols avec pénétration, 23% d’agressions physiques, 14% de dénis de ressources, 9% de violences psychologiques et 7% étaient des mariages précoces », rapportent les experts.
Pour les seules régions du nord et centre du Mali, 1 708 cas de violence sexuelle ont été documentés entre janvier et octobre 2019. 734 cas, soit 43%, ont été perpétrés par des acteurs armés. « Les acteurs de la défense nationale et de la sécurité représentent 8% des cas de violence sexuelle, tandis que 36 % des cas ont été commis par des groupes armés », informe le document.
Interdiction d’activités relatives aux droits reproductifs
Des acteurs communautaires auraient également commis des viols et violences sexuelles, en raison notamment du climat d’insécurité et au contexte d’impunité lié, selon les rapporteurs, à la « faiblesse des institutions de sécurité ». Plusieurs victimes de violences préfèrent garder le silence, de peur d’être stigmatisées ou d’être cibles de représailles. De même, l’on signale l’interdiction des activités relatives aux droits reproductifs par des groupes islamistes.
D’autres violences tels que des agressions physiques, des mariages forcés et des violences psychologiques et émotionnelles sont également signalées. Des « maisons closes » seraient concernées par ces violences, notamment à Gao. Mais ce sont les femmes migrantes qui sont particulièrement vulnérables à l’exploitation en tant que « prostituées », alerte le rapport, présenté le 15 aout au Conseil de sécurité de l’ONU.