Il ne se passe une seule journée sans qu’on ne voit trois personnes sur un « deux roues », les motos « Jakarta » généralement. Cet engin est pourtant censé prendre au plus deux personnes. « Le support à 3 », comme on l’appelle, est devenu une mode pour certains jeunes des grandes villes du Mali. Cette pratique a pourtant des conséquences graves. Ceux qui le pratiquent mettent leur vie et celle des autres en danger, explique le blogueur Yao Michel.
La plupart du temps, ce sont les élèves qui s’adonnent au « support à trois ». Que ce soit sur le chemin de l’école ou pas. Ils avancent comme raison : « l’entraide entre élèves ». Sira Diallo, élève en classe de terminale que j’ai rencontrée à Kayes, avec deux de ses camarades sur une seule moto, m’a dit : « Je le fais car, parfois, elles peuvent arriver en classe en retard, à cause de la distance entre l’école et leur lieu d’habitation. »
Si en milieu scolaire la pratique est une réalité, il convient par ailleurs de souligner que certains jeunes, en dehors des élèves, le font au cours des sorties noctambules pour des soirées entre amis, des dîners de mariages ou des concerts. On l’observe beaucoup pendant les mariages les dimanches, notamment à Bamako. Ils savent bien détourner l’attention de nos agents de police.
Le comble est que, parfois, les jeunes qui s’adonnent à cette pratique sont sous l’emprise d’excitants. Malgré plusieurs tentatives auprès de l’antenne régionale de Agence nationale de la sécurité routière (ANASER) pour recueillir son avis sur la question et avoir des chiffres, je n’ai pas eu de suite favorable. Mais, selon les statistiques du Comité national de sécurité routière, en 2016 5 532 accidents corporels ayant provoqués la mort 541 personnes ont été recensés. Encore plus inquiétant, 60% de ces accident concernent les jeunes et 80% de ces accidents impliquent les jeunes.
Nous sommes les premiers bénéficiaires de l’objectif « zéro accident » pourtant. Chaque année, ce sont des milliers de personnes qui en meurent et de nombreux blessés sont enregistrés pour cause de « support à trois ». C’est assez pour comprendre qu’il doit être banni purement et simplement.
Sensibilisation dans les écoles
Pour arriver à combattre ce phénomène, plusieurs pistes peuvent être envisagées en commençant par la sensibilisation dans les écoles surtout. Chacun à son niveau, et au sein de la communauté, doit s’impliquer et en faire une affaire personnelle. On doit avoir aussi le courage de dénoncer celui qui se rend coupable en faisant le « support à trois ». Certains policiers aussi doivent rompre avec le laxisme, car beaucoup font comme s’ils ne savaient pas que c’est interdit.
J’ai déjà vu des policiers arrêter des jeunes et les laisser partir sans sanctions. Tous, nous devons agir et sévir pour gagner ce combat sans que la démarche ne vienne forcément des autorités. Comme le disait le président américain John Kennedy, « avant de demander ce que la nation à fait pour toi, interroge-toi plutôt sur ce que tu as fait pour ta nation. » Donc, nous devons tous nous remettre en cause pour bâtir une société à la hauteur de nos souhaits. Quand allons-nous comprendre que le respect du code de la route doit être une habitude pour tout bon citoyen dans notre société ? « Le support à trois » est une pratique courante en ville qui doit être combattue avec l’implication de tous.