Les grossesses non désirées des adolescentes célibataires entrainent des enjeux sociaux, économiques et sanitaires. Il y a des liens entre la sexualité précoce et les avortements clandestins.
Alan G. Hill, professeur de démographie et de santé internationale à l’Université de Southampton, indique que « de tout temps, le pouvoir jugé effrayant des femmes sur la vie a été entouré de rituel et a fait l’objet de contrôles suivant l’idée qu’il est préférable de procréer avec la parcimonie de l’éléphant que comme le manguier croulant sous les fruits ».
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « la santé de la reproduction n’est pas uniquement une absence de maladie ou de trouble dans le processus reproductif, mais plutôt comme une condition par laquelle ce processus s’accomplit dans un état de complet bien-être physique, mental et social ; de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités ». Ceci suppose donc qu’une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, qu’elle est capable de procréer et libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu’elle le désire.
La procréation, un enjeu individuel et collectif
À la fin des années 1980, le terme de « santé de la reproduction » est apparu sous l’impulsion des organismes internationaux et de mouvements et organisations non gouvernementales axés sur la défense du droit des femmes. Par ailleurs, même si émerge une prise de conscience de la nécessité de mieux répondre aux besoins des adolescentes, leur situation au regard des enjeux de la santé et des droits sexuels et de procréation (SDSP) reste très préoccupante, notamment en Afrique sub-saharienne. Au moins 10 millions de jeunes filles, âgées de 15 à 19 ans, sont confrontées à des grossesses non désirées chaque année dans les pays en développement.
Les garçons et les filles connaissent d’importants changements biologiques, sociaux et psychologiques liés à la puberté. Parmi ces changements figurent les sécrétions hormonales responsables de l’apparition des poils pubiens et axillaires, la poussée des seins, le bassin qui s’élargit, les acnés sur le visage, les pertes blanches qui annoncent les premières règles et les premières relations sexuelles.
« Modernisation mal comprise »
En effet, nous sommes confrontés à une modernisation mal comprise par les jeunes filles. Dans les temps anciens, c’étaient les mamans ou les grands-mères qui initiaient à tout ce qui était en rapport avec la sexualité, des premières règles à leur hygiène jusqu’au premier rapport sexuel, nous expliquant les conséquences que pouvait avoir le non-respect de ces conseils sur notre vie. Cela permettait une abstinence jusqu’au mariage.
De nos jours, tel n’est plus le cas. Les jeunes filles sont laissées à elles-mêmes, apprenant tout de la sexualité dans la rue, à la télévision et, mieux encore, sur Internet. Ne profitant pas de leur enfance, elles se retrouvent vite absorbées par le désir de goûter tôt au plaisir sexuel, se retrouvant ainsi pour la majorité avec une grossesse non désirée, et commettant ainsi soit l’avortement clandestin ou, pour celles qui échouent, l’abandon de leur bébé après la naissance.
Cela nous amène au témoignage d’une de nos mamans qui pensent que « l’on ne récolte que ce que l’on sème ». Elle nous a raconté l’histoire de sa deuxième fille qui, étant d’une grande beauté et convoitée par les hommes, avait refusé de tenir compte de ses mises en garde pour finalement contracter une grossesse à ses 17 ans. Le pire a été qu’elle ne pouvait designer personne comme géniteur, car elle avait des partenaires sexuelles multiples. Son père a fini par la renvoyer de la maison, signifiant que « les conseils ne conseillent pas, ce sont les conséquences qui conseillent ».
Mme Camara a expliqué le cas de son aide-ménagère qui, après un suivi de sa grossesse, avait fini par faire disparaitre le bébé après l’accouchement, en complicité avec ses amies. Mme Camara avait voulu pousser les investigations, mais son mari l’en a dissuadé, demandant qu’elle se mêle de ses affaires…
Au niveau mondial, 16 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans, et un million de jeunes filles de moins de 15 ans accouchent chaque année. Ceci est dû à la non scolarisation des jeunes filles, au mariage précoce et à la condition socio-économique des filles. Les expériences vécues pendant l’adolescence affectent énormément les futures vies d’adultes des garçons et des filles. Il est donc possible, avec des interventions ciblées pendant la deuxième décennie de la vie, d’améliorer durablement la santé et le statut socio-économique des futurs adultes.
« À qui la faute ? »
La libéralisation des mœurs n’a pas été accompagnée d’une information suffisante sur l’usage des méthodes contraceptives. Nombreuses sont les jeunes filles qui tombent enceintes à cause de leur ignorance des méthodes contraceptives. Cela a été le cas de K.A., mariée et mère au foyer. Elle a contracté une grossesse à 16 ans, ignorant à l’époque tout de la contraception. Elle a été abandonnée par le père de son enfant. Au début, elle a voulu avorter mais, faute de moyens, elle a fini par garder sa grossesse.
Afin que ces situations changent, il est indispensable de répondre aux besoins de toutes les adolescentes dès le plus jeune âge (10-14 ans) et de lutter contre les pesanteurs socioculturelles et les inégalités de genre qui freinent la demande de soins et de conseils des adolescentes et des femmes en général. La question que je me pose, en tant que sœur, fille et future mère est : à qui la faute ? Est-ce à nos mamans ? À nous qui sommes les sœurs ainées ? Aux adolescentes elles-mêmes ? Ou bien à la société dans laquelle nous vivons ?
Merci collègue Oureiba, tout y est !!!!
Le point que j’appuie solidement est l’éducation des enfants venant des parents. C’est ce qui pose problème de nos jours en réalité.
Les parents se doivent de suivre minutieusement le développement physique et psychologique de leurs enfants( garçon ou fille ) du bas âge jusqu’à l’étape de majeur(e).
Du bas âge on doit l’habituer à ne pas voir les scènes érotiques de la télévision ou ailleurs.
À l’adolescence, expliquer à l’enfant ce qui lui arrive et et ce que ça implique, en ce temps le parent doit être un compagnon et un(e) confident(e) fidèle de l’enfant afin de bien l’orienter, parce que l’adolescence est dangereuse !
Ainsi se crée une relation saine et nourrie entre parent et enfant avec moins d’incidents et accidents.
L’éducation est la base je pense !
Vraiment le sujet est intéressant ça mérite une large diffusion
Pour lutter contre ce fléau il faut sensibiliser les jeunes filles sur la sexualité . Ici en Afrique la sexualité est un sujet tabou, il faut que nos mamans sèchent cela et discutent avec leur fille sur la sexualité.
Félicitation a Aissata Oureiba pour cette brillance présentation sur un fait qui touche toutes la population Malienne de près ou de loin…
Tâchons de respecter et de mèttre en pratique tous les conseils que A.Oureiba nous a prescritent en vu d’éviter ce fléau a nos filles.
Un article très instructif, mais ce phénomène et tous ses corollaires doivent interpeller toute la société et à tous les niveaux. La rue doit être comme le domicile pour chaque adolescent. Les parents font ce qu’ils peuvent, mais notons que l’âge indiqué : 14-19 ans est troublant, instable pour chaque adolescent(e). Je dis souvent : c’est la période où le caractère de l’enfant est révélé en général et elle détermine le comportement futur. L’éducation sexuelle est craint d’être enseignée dans les écoles, à la maison les mères ont démissionné de leur rôle, la méthode de PF la plus répandue est peut-être une garantie contre les grossesses non désirées mais il y’a le risque d’IST…que faut-il faire c’est la grande question ?
Le seul recours possible c’est de revenir à nos valeurs sociales et culturelles en plus des mères que les pères aussi s’impliquent dans l’éducation sexuelle des garçons à la maison.
Très edifiant ma chere collegue!
we look forward your next articles !