L’ONG HiiL a publié, début avril, son dernier rapport sur les besoins et la satisfaction des citoyens en matière de justice au Mali, après une enquête auprès de plus de 8000 personnes dans les 10 régions et le district de Bamako. Benbere publie, avec l’autorisation de l’ONG, des témoignages tirés du rapport. Dans ce récit, Hawa raconte avoir préféré divorcer et dit le peu de bien qu’elle pense de l’attitude de la justice vis-à-vis d’une femme engagée dans une procédure de divorce.
« J´étais en état de grossesse de six mois, et encore au lycée, quand j´ai épousé Abdoulaye. Tout allait bien au début du mariage jusqu’au moment où il a commencé à rentrer à la maison très tard la nuit. Quand j´ai essayé d´attirer son attention sur ce fait, il n´en a pas tenu compte. Au contraire, il se vantait d’être libre d’aller à son grin et de rentrer à la maison quand il voulait. Il voulait montrer qu´il était indépendant et n’était en aucun cas soumis.
Très vite, un autre problème devait surgir. En effet, je constatais que mon mari ne s´acquittait d´aucune des dépenses de la famille. Tout était pris en charge par ma belle-mère, la maman de mon mari. La situation devait se compliquer davantage quand j´ai signalé à mon mari mon intention de chercher une aide-domestique pour s´occuper de l’enfant, étant donné que je devais aller à l´école. Il a catégoriquement refusé, puisqu’il n´était ‘ailleurs pas d´accord que je poursuive mes études.
Nos relations se détérioraient davantage quand il a commencé à être violent envers moi. Pour un rien, il m´insultait et me battait. Il lui est même arrivé de me menacer de mort. C´est à cet instant que j´ai pensé à le quitter. Un beau jour, j´ai décidé de prendre mes affaires et de déménager chez mes parents avant d´entamer une procédure de divorce. Il y eut des tentatives de réconciliation de la part de la famille et des amis, mais ma décision était définitive. Au bout d´un peu plus d´un an de procédure, le divorce a enfin été prononcé. Malheureusement, il ne rend pas visite à son enfant et ne prend pas en charge ses dépenses.
Les procédures de divorce engendrent beaucoup trop de dépenses pour une femme comme moi. Il existe beaucoup de barrières aux divorces, au nombre desquelles on peut citer le manque de soutien de la famille et des parents. En effet, les gens craignent toujours de prendre la responsabilité de la séparation des conjoints. De plus, les tribunaux ont souvent tendance à ne pas prendre les femmes au sérieux, estimant qu´elles n´aiment pas rester dans les liens du mariage. La plupart du temps, ils semblent pencher du côté du mari. La femme est presque considérée comme l´esclave de ce dernier qui se conduit comme s´il l´avait achetée ».
Retrouvez ici le rapport complet
Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali 2018