Twittoscopie-« Sanogo & coaccusés » : la justice malienne en prend pour son grade
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Twittoscopie-« Sanogo & coaccusés » : la justice malienne en prend pour son grade

L’ex-putschiste Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés ont été mis en liberté provisoire, le mardi 28 janvier. Ainsi en a décidé la justice malienne à l’encontre de laquelle certains twittos pointent un doigt accusateur.

Il y a quelques jours, et ce n’est jamais totalement innocent, Bamako, la capitale malienne, s’était soudainement remplie de la rumeur quant à une éventuelle libération d’Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés inculpés dans l’assassinat de 21 militaires parachutistes. Après sept ans de détention provisoire, la chambre d’accusation de la cour d‘appel de Bamako a décidé de remettre en liberté provisoire Amadou Haya Sanogo et ses codétenus, en attendant le procès.

Cette libération provisoire intervient après le report, le 9 janvier par le parquet général près la cour d’appel de Bamako, de la reprise du procès. Ce report, alors que la reprise était attendue en décembre 2016, a fait grincer des dents les magistrats, qui l’ont fait savoir dans un communiqué en la date du 17 janvier dernier. De fait, le procès de Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés, délocalisé à Sikasso en novembre 2016, avait été renvoyé pour permettre de nouvelles expertises médicales. A ce jour, il n’a jamais repris.

Pour mémoire, le 22 mars 2012, alors capitaine, Amadou Haya Sanogo a été placé par des sous-officiers à la tête de ce que certains ont qualifié de « coup d’État le plus rapide de l’histoire ». Alors à la tête du pays et patron de l’ex-CNRDRE (Comité national du redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat), plusieurs personnalités politiques et militaires ont été victimes de chasse à l’homme et de détention jugée arbitraire par les organisations de défense des droits humains. Fin avril 2012, certains militaires parachutistes, restés fidèles au président déchu Amadou Toumani Touré, dit « ATT », avaient disparu après l’échec de leur contrecoup d’État. En décembre 2013, ils ont été retrouvés dans une fosse commune, non loin de Bamako. Le capitaine, alors promu général, et ses coaccusés ont été inculpés d’« assassinat » et de « complicité d’assassinat ».

Cette libération provisoire n’a pas laissé la twittosphère malienne indifférente. Comme en 2012, elle a rouvert la plaie de la grande déchirure provoquée au sein de l’opinion nationale, partagée entre pro et anti-Sanogo. De l’avis de certains twittos, la décision de le libérer est légitime après sept ans en prison sans jugement.

De plus, c’est la justice malienne qui en prend le plus pour son grade. Certains internautes pointent son « incapacité » à juger l’ex-chef de file des putschistes. D’autres expriment leur incompréhension après sept ans sans jugement.

Un twittos s’avance jusqu’à s’interroger sur ce qui va être dit aux « orphelins » et aux « veuves » des « bérets rouges » disparus. Il abonde dans le même sens que certaines organisations de défense des droits humains qui, ces derniers jours, ont donné de la voix à l’annonce du report de la reprise du procès. « Le report à la dernière minute du procès d’un ancien dirigeant de la junte par un tribunal malien porte un coup aux familles de 21 militaires dont les corps ont été retrouvés dans une fosse commune en 2012, à la suite de leur disparition forcée », avait déclaré Ousmane Diallo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, le 13 janvier 2020.

La liberté provisoire signifierait-il la fin de l’action publique ? Si pour certains internautes c’en est fini de ce qu’on appelle à Bamako « l’affaire Sanogo », d’autres appellent la justice à poursuivre son travail. Du côté des organisations de défense des droits humains, les craintes sont grandes que la loi d’entente nationale, promulguée le 2 août 2019, ne conduise à « l’impunité pour les crimes commis dans le pays depuis 2012 », comme l’a écrit la FIDH dans son communiqué d’hier.

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