Le coup d’État, qui a renversé le pouvoir au Mali, n’est pas sans conséquences sur la sous-région ouest-africaine. Dans beaucoup de pays, comme au Togo, les pouvoirs publics sont faibles et l’on craint un effet contagion.
La CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) s’est réunie par visio-conférence, le jeudi 20 août, pour statuer sur le coup de force opéré au Mali. L’organisation avait déjà condamné l’arrestation du désormais ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », vivement contesté par la rue depuis des mois. Comme à l’accoutumée, la CEDEAO a lancé sa « machine à répression » contre les nouvelles autorités du pays.
Risque de contagion
Pourtant, cette situation est survenue après des semaines de contestation et de dialogue de sourds. Ce mardi 18 aout, ce qui était craint finit par arriver. Les regards de plusieurs chefs d’État sont désormais tournés vers la capitale malienne. Certains présidents craignent déjà que ce coup de force ne donne des idées à leurs populations ou à l’armée. Nous savons que la Côte d’Ivoire est secouée depuis plusieurs semaines par des manifestations contre la candidature d’Alassane Ouattara pour la présidentielle d’octobre prochain. Le pays a déjà enregistré des victimes.
En Guinée, depuis décembre 2019, les manifestations se sont multipliées contre le projet de réforme de la Constitution qui a ouvert la voie pour un nouveau mandat au président Alpha Condé.
Au Togo, l’Archevêque de Lomé, Monseigneur Philippe Kpodzro, avait appelé à manifester pour exiger la reconnaissance de la victoire du candidat Agbéyomé Kodjo à la présidentielle du 22 février 2020. Quelques mois auparavant, l’Assemblée nationale togolaise avait adopté, le 7 août 2019, une nouvelle loi qui restreint très sévèrement la liberté de manifestation au Togo. Toutes ces raisons font craindre à certains chefs d’État le risque d’une contagion du cas malien.
Institutions faibles, armée forte
Pour le juriste Abel Klussey, les événements récents au Mali démontrent à suffisance, à ceux qui en doutent encore, que le droit du peuple à disposer de lui-même ne relève pas du passé et donc n’a pas une valeur nécrologique. « Il faut dire que ces événements témoignent non seulement de l’importance de l’armée dans nos États, mais aussi de la faiblesse des pouvoirs publics constitutionnels ».
Il convient de s’interroger sur la contribution de la CEDEAO dans la résolution des crises dans son espace, selon le juriste. En ce qui concerne l’avenir du Mali, M. Klussey s’inquiète : « En 2012, il y a eu un coup d’État contre Amadou Toumani Touré. À l’époque, seul le Nord était instable. Aujourd’hui, en plus du Nord, il y a le Centre. »
Le président du CAJS-Togo termine sur cette inquiétude : « C’est à croire que le problème du Mali n’est pas un problème de ses présidents. Pris sous cet angle, il ne nous reste qu’à prier pour que ce ne soit pas une boîte de Pandore qu’ils viennent d’ouvrir et dont les victimes seront comptées dans toute la région ouest-africaine ».