Il y a quelques décennies, la rivière de Gara, dans la commune rurale de Sitakily (Kayes), était source de bonheur pour les populations. Aujourd’hui mise à mal par la pollution, cette rivière a besoin de secours.
Situé à 250 Km au sud de Kayes, le cercle de Kénieba est une zone d’orpaillage, d’agriculture et d’élevage par excellence. La dégradation environnementale à laquelle ce cercle est confronté, ces dernières années, est inquiétante. La faute en revient notamment à la pratique de l’orpaillage, qui ne respecte pas les normes d’extraction. Elle a pollué les cours d’eau de la localité.
C’est le cas de la rivière de Gara, qui traverse le village de Baboto (commune rurale de Sitakily). Grace à cette rivière, le village avait comme principales activités l’agriculture, l’élevage. Mais à cause de l’orpaillage, celles-ci ont été abandonnées par les populations. Dans cette localité de la région de Kayes, la plus grande inquiétude est la destruction de la rivière de Gara, aujourd’hui obstruée et presqu’en voie de disparition.
Identité perdue
Autrefois une fierté pour les habitants de la commune rurale de Sitakily, la rivière de Gara faisait le bonheur de ses populations riveraines. Traversant le village de Woro et Betéa, jusqu’à Hérémakono, Gara était l’un des symboles de la commune rurale de Sitakily. Les gens devaient attendre des heures pour que le niveau de l’eau baisse, avant de poursuivre leur trajet.
Cette même rivière se déverse dans la Falémé, elle aussi sévèrement affectée par la pollution liée aux activités minières. « Aujourd’hui, quand on regarde l’état de cette rivière, elle est presque effacée de la carte du cercle de Kénieba », s’inquiète Koly Sissoko, fils du chef de village de Baboto. Selon Sissoko, la destruction de la rivière de Gara coupe le sommeil à la veille de l’hivernage, car son obstruction peut engendrer une inondation.
L’utilisation des produits chimiques, comme le peroxyde, le cyanure a des conséquences néfastes sur la santé des communautés, qui vivent le long de cette rivière. Autre conséquence directe : le manque de poissons, qui a mis à mal les activités de pêche que pratiquaient les autochtones pour leur propre consommation. « Toutes les activités de pêche sur la rivière de Gara ont cessé à cause de la pollution de ce cours d’eau, c’est vraiment dommage ! », regrette le fils du chef de village.
Problèmes de santé
En plus des autres conséquences, il y a aussi des craintes liées à la santé des habitants et des animaux. Cela est aujourd’hui une situation très préoccupante dans cette zone. « Contrairement à une époque révolue, la pollution de l’eau de la rivière est à la base de l’aggravation de la situation sanitaire. Dans les années 80 voire 90, la consommation de l’eau de Gara ne constituait pas de danger pour les villageois. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Je peux même affirmer que personne n’est en bonne santé. On découvre tout le temps des maladies bizarres, car nous respirons le gaz de ces produits toxiques à travers la poussière chaque jour », s’indigne Sissoko
« Qui sait ce que ces produits font aux organes humains ? », se demande pour sa part Allamouta Tiguiré, orpailleur traditionnel dans la localité. Quoi qu’il en soit, les autorités doivent agir pour mettre fin à cette destruction environnementale qui prend, chaque année, une proportion inquiétante.
Maintenant que la cause du mal est connue, c’est le moment de mettre fin à ce désordre et de faire appliquer les textes sur la pollution de l’environnement dans notre pays.
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