Le coup d’Etat contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, orchestré par une partie de l’armée malienne, continue d’alimenter les réseaux sociaux, notamment Twitter, où circulent des réactions tous azimuts.
Dans la journée du mardi 18 août, à Bamako, c’était presque la débandade dans le centre-ville. Les habitants, qui étaient sortis pour leurs activités, ont rapidement rebroussé chemin. À 10 heures déjà, un embouteillage monstre paralysait la circulation au niveau de la cité ministérielle, au cœur du quartier administratif. Une mutinerie, qui a éclaté tôt le matin dans la ville garnison de Kati, à 15 kilomètres de Bamako, est à l’origine de ce sauve- qui-peut.
Suite à ce coup de force orchestré par un groupe de militaires, réunis au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), le président Ibrahim Boubacar Keïta et le chef du gouvernement Dr Boubou Cissé, ont été arrêtés et conduits au Camp Soundiata Keïta de Kati. Dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 août, le président a annoncé sa démission.
Réactions mitigées
Sur la toile malienne, les réactions sont mitigées. Pour bon nombre d’internautes, cette démission est une bonne chose. Ils accusent le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta d’avoir gangrené le pays. Certains tentent même de justifier le putsch. Pour d’autres, en revanche, c’est une grosse erreur. Une menace pour la démocratie.
Content pour mes frères maliens et le Mali . 🇲🇱🇲🇱🇲🇱
En espérant que la finalité de cela amène plus de stabilité et de richesse à la population locale , plus précisément au prolétariat.— Mouhammadou Jaiteh (@mamjaiteh14) August 19, 2020
Ce qui s’est passé au Mali, normalement, est une succession de faits qui concouraient à la restriction des droits du peuple malien. Dans ces conditions, un coup d’Etat n’est qu’évident. A la CEDEAO de percevoir les prémisses de la dictature des présidents en son sein. #bravomali
— TANOH Barthélemy (@TANOHBarthlemy1) August 19, 2020
Ce sont les mêmes qui ont:
Soutenu Aya Sanogo
Applaudi François Hollande en 2013
Voté IBK en 2013
Marché étant antè A Bana
Marché pour le départ de la France du Mali
Marché pour le départ de la MINUSMA
Marché étant M5
Et maintenant
Pour un coup d’État Encore, le malheur du Mali pic.twitter.com/hlSYcm2Dc5— Iné Ha 🇲🇱 (@EmirAdoul) August 18, 2020
Coup d’Etat au Mali🇲🇱❓
Une mutinerie en cours à Bamako la capitale (Ambassade de Norvège)
Qu’est donc devenu le Mali, pays le » PLUS DÉMOCRATIQUE » d’Afrique francophone avec le Sénégal🇸🇳 comme avait titré un journal panafricain.
La Démocratie est un luxe pour l’Afrique❗
— Meydmo 🇫🇷⭐️⭐️🇨🇲 (@malowoussou) August 18, 2020
De la mutinerie dans l’armée : le peuple malien n’est pas totalement prêt pour la démocratie https://t.co/CxcZx0oE1c
— Faso Mali (@fasomalimedias) August 19, 2020
Condamnations unanimes
L’intervention de l’armée a été unanimement condamnée par l’Union européenne (UE), l’Organisation des Nations unies(ONU) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Ces institutions ont également appelé à une libération immédiate et sans conditions du président et des autres prisonniers.
Aussi, la CEDEAO a annoncé des sanctions contre le Mali : « (…) la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali ». La réaction de la CEDEAO a suscité divers commentaires. Beaucoup reprochent à l’organisation sous régionale d’avoir œuvré au maintien de l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéïta.
Nous l’avions fait savoir. La CEDEAO et ses Chefs d’état ont fait fausse route en tentant de sauver leur pair plutôt que le Mali. D’autres soubresauts sont à venir au nom de la quête de bonne gouvernance par des peuples qu’ils ne voient pas grandir.
— Abdoul MBAYE (@AbdoulMBAYE2019) August 18, 2020
Cette décision de la @ecowas_cedeao de mettre l’embargo sur #Mali est scandaleuse et honteuse.
— ibrahim Ⓜ (@sysawane) August 19, 2020
Mali: pluies de condamnations de la communauté internationale et des États de la @ecowas_cedeao. Que valent-elles? L’exigence du respect de l’ordre constitutionnel signifie-t-il le maintien au pouvoir d’un régime vomi par une bonne partie du peuple floué?
— Alex Gustav Azebaze (@azedjogus) August 18, 2020
La CEDEAO et la France accusées de partialité
Pour d’autres encore, la CEDEAO est partiale. Cette accusation prétend qu’elle n’a pas réagi aux massacres récurrents. Alors qu’elle dénonce la mutinerie contre « IBK ».
Une institution qui valide des coups d’état électoraux ne doit pas avoir le culot de dénoncer ou de condamner d’autres coups d’état.@ecowas_cedeao très prompt pour dénoncer le coup d’état au Mali n’a toujours pas condamné le massacre des populations dans ce mme pays & en CIV.
— Fatim Tall (@timatall) August 19, 2020
La #CEDEAO #ECOWAS doit arrêter de se ridiculiser dans cette crise malienne. Menacer de recourir à la Force en Attente contre le peuple malien est une farce ridicule. Où était cette force quand le #Mali appelait au secours contre les djihadistes ? #BamakoDanse pic.twitter.com/KrZkp2PBTE
— Generation Kigbafori (@MoussaTOURE9) August 18, 2020
La France n’a pas échappé aux accusations. À travers son ministère des Affaires étrangère, elle s’est rangée derrière la position de l’organisation ouest-africaine.
La france doit cesser son ingérence au Mali et toutes ses interventions hostiles à l’égard des populations africaines. Il est temps que la #France apprenne à vivre par ses propres moyens et non via les ressources pillées en Afrique. La Cedeao ne peut décider pour les maliens. https://t.co/mniuzlEDb4
— Claude GOMEZ (@GOMEZUlri) August 19, 2020
Pour le Mali, j’espère juste que la France ne placera pas encore une marionnette pour continuer à piller comme depuis la nuit des temps. Qui sera au pouvoir ? C’est ça la question
— Janeka ALI 🇰🇲 (@JanekaAli_) August 19, 2020
Les mutins contrôlent pour l’heure la situation. Ils ont annoncé une « transition politique civile » qui sera suivie d’élections. Malgré les coups de feu du mardi 19 août, l’inquiétude fut de courte durée. À Bamako, les habitants continuent de vaquer à leurs activités.
Place de l’indépendance du Mali : il est 7h45 GMT, les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes au lendemain du coup d’état militaire.
Bamako, le 19 août 2020#CriseSocioPolitique #Mali pic.twitter.com/bIRbxYkh0V— KONATE Malick (@konate90) August 19, 2020