Le premier gouvernement du second mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) suscite beaucoup d’espoir chez les Maliens. Il contient beaucoup de femmes et quelques jeunes prometteurs. Mais les vieilles pratiques ne tarderont pas à reprendre le dessus, écrit le blogueur Youssouf Cissé.
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga est un fin stratège, et cette qualité est en train de porter ses fruits. Après avoir organisé les élections avec un minimum d’incidents et avoir fait gagner le président IBK, ce dernier lui a renouvelé sa confiance, et cela va de soi.
Pour faire oublier les accusations de mascarade électorale qui ont caractérisé la campagne, IBK et Soumeylou servent aux Maliens un gouvernement presque parfait, où les jeunes et les femmes sont suffisamment visibles. On a vu l’arrivée de onze femmes, ce qui n’était pas courant, et les Maliens n’ont pas encore fini de célébrer la nomination de Kamissa Camara comme chef de la diplomatie.
Faire taire les critiques de népotisme
Mais surtout, pour faire taire les critiques de népotisme, le Premier ministre est allé jusqu’à éjecter certains des plus proches ressortissants du Nord comme Maouloud Ben Khattra, Mohamed Aly Ag Ibrahim, Oumou Touré ou Mohamed Elmoctar. Voilà le message qu’il veut donner aux Maliens : «Contrairement à ce que vous pensez, le gouvernement n’est pas l’affaire d’un clan, d’une famille ou d’un seul parti politique ».
Tout cela est bien et beau, les femmes et les jeunes qui se sentaient oubliés sont aux anges, et la communauté internationale peut pousser un ouf de soulagement après avoir soutenu un gouvernement mal élu.
Chassez le naturel, il revient au galop
Le problème est que le Malien ne voit pas plus loin que le bout de son nez, et Soumeylou le sait. La bataille symbolique est gagnée, mais la réalité va reprendre ses droits. Au bout des 100 premiers jours, le Premier ministre devra se présenter devant les élus pour présenter et défendre son cahier des charges.
Une fois cela fait, les caciques du Parti au pouvoir RPM pèseront de tout leur poids, et exigeront de retourner dans les ministères. Les candidats qui ont soutenu le président au premier tour exigeront leur récompense et le partage du gâteau va reprendre, poussant les vrais travailleurs à la porte. La corruption reprendra vite ses droits, et les Maliens recommenceront à grincer les dents.
La confiance dont bénéficie le nouveau gouvernement n’est qu’une lune de miel, et elle ne durera que le temps d’un éclair.