Mali : le gouvernement restreint n’annonce pas la couleur pour l’union nationale
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Mali : le gouvernement restreint n’annonce pas la couleur pour l’union nationale

Au lendemain du sommet extraordinaire des chefs d’États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le premier ministre malien, Boubou Cissé, a formé un gouvernement restreint de 6 membres. Pour le blogueur Sagaidou Bilal, cet attelage n’annonce pas la couleur pour l’union nationale.

Le 27 juillet dernier, lors d’un sommet virtuel, les chefs d’États de la CEDEAO  ont pris plusieurs résolutions pour trouver une issue à la crise sociopolitique qui secoue le Mali depuis quelques semaines. Parmi ces résolutions, figure « la mise en place rapide d’un gouvernement d’union nationale avec la participation de l’opposition et de la société civile ». L’organisation sous régionale indique que la mission principale de la nouvelle équipe gouvernementale est la mise en œuvre de toutes les recommandations issues du Dialogue national inclusif (DNI).

Aussitôt après  le sommet, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a  annoncé la constitution d’un gouvernement restreint dont « la mission est de négocier avec les parties prenantes, en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale ». On y retrouve trois membres de la précédente équipe, reconduits à leurs départements respectifs. Un ancien ministre ainsi que deux nouveaux entrants complètent la liste.

Une équipe controversée

Cette composition de l’exécutif fait couler beaucoup d’encre et de salive. Après deux sorties médiatiques, c’est une lapalissade que dire que le nouveau patron du ministère de la Justice, maître Kassoum Tapo, est toujours un fervent défenseur du régime actuel.  C’est son département qui va désormais situer les  responsabilités des tueries survenues lors des violentes manifestations du 10 au 12 juillet 2020 dans la capitale malienne. Me Tapo est aussi celui qui avait dirigé les travaux devant conduire à une révision constitutionnelle avortée en 2017.

Membre du gouvernement sortant ayant organisé les législatives controversées, le ministre Boubacar Alpha Bah, reconduit au département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, est également considéré par certains comme un acteur majeur de la crise postélectorale.

Aussi, le général Moussa M’Bemba Keïta, qui avait été démis de ses fonctions de chef d’état-major des armées à la suite du massacre d’Ogossagou en 2019, fait un retour triomphal sans avoir été entendu sur cette tragédie à l’origine de son éviction. Il occupe désormais le portefeuille de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. Avec sa nomination, on est en droit de se demander si le président l’avait réellement limogé, il y a plus d’un an, pour incompétence ou pour faire taire les critiques ?

Selon plusieurs sources, le nouveau ministre de l‘Économie et des Finances, Abdoulaye Daffé, a des liens avec le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara. Cette proximité aurait joué dans sa nomination. Seul le ministre Ibrahim Dahirou Dembélé, reconduit au ministère de la Défense et des anciens Combattants, semble attirer moins de critiques. Tiebilé Dramé, malgré ses prouesses aux Affaires étrangères et de la Coopération internationale, continue de susciter des critiques, lui qui était un pourfendeur du régime d’ « IBK ».

L’Éducation et la Santé reléguées au second plan

Dans cet attelage, certains départements semblent moins prioritaires pour le régime.  Il s’agit de l’Éducation et de la Santé. Or, dans tous ces domaines, il y a des défis énormes auxquels les autorités doivent faire face. Autre fait marquant : l’absence des femmes. Il fallait au moins une femme dans l’équipe restreinte. Ainsi, elles ne se sentiraient pas exclues de la résolution de la crise en cours et pourront jouer leur rôle.

À mon avis, avec ce schéma, il est difficile de prévoir la fin des mouvements de contestation. Pour moi, le président de la République doit revoir  la composition de l’équipe restreinte. Celle que nous avons en face ne répond pas à  une volonté d’aller vers l’union nationale. Elle ressemble plutôt à une redistribution des postes ministériels pour le « partage du “gâteau national“ ».

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Les commentaires récents (1)

  1. Quant à moi je pense que ce gouvernement n’essaie toujours pas de comprendre son peuple. Ces gens là ne se préoccupe guère de nos soucis, pour la simple et bonne raison ils sont a leur dernier mandat. Donc résolu ou pas résolu ça ne leur dis absolument rien.