Pendant une semaine, les Maliens se sont retrouvés à Bamako pour discuter des problèmes les plus profonds du pays. Ce dialogue devra permettre de trouver des solutions pour sortir le pays d’une crise multiforme, selon le blogueur Dramane Traoré.
Les travaux du dialogue national inclusif prendront fin aujourd’hui, dimanche 22 décembre 2019, à Bamako. À en croire les échos qui nous sont parvenus, toutes les questions brûlantes de l’heure y ont été discutées. Faut-il donc croire que le Mali est sur le point d’en découdre avec la crise dans laquelle il est englué depuis plusieurs année ? Nous sommes tentés de répondre par l’affirmative, mais à la condition que la désormais bouillante société civile se porte garante du suivi des recommandations qui en sortiront.
Jusque-là, tout ce qui a été fait pour aider à la résolution de la crise malienne, par le Mali et ses partenaires, a été jugé mal ficelé par une partie de l’opinion publique nationale où sont nombreux ceux et celles qui pensent, à tort ou à raison, que la solution ne viendra que des Maliens seuls. Le Dialogue national inclusif (DNI) est donc plus qu’un vœu du président de la République : il est le souhait du peuple malien qui, croyant fermement aux vertus du dialogue, est convaincu que la solution à son problème passe par celui-ci.
Personne ne se sent coupable
Aujourd’hui, tous ou presque s’accordent à reconnaître que le pays est devenu méconnaissable, défiguré par la plus grave crise de son histoire au point que tout y est à refaire. Des quatre coins du pays, de la base au sommet, le cri est le même : ça ne va pas ! Tous s’estiment victimes, mais personne ne se sent coupable. Personne ne semble se reprocher quoi que ce soit. Lors du dialogue, rien n’a échappé à la critique et aux protestations. Au menu des débats : la gouvernance et l’administration du territoire, la mission de stabilisation des Nations unies (Minusma) et les forces françaises au Mali, la situation de Kidal et l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (2015). Malheureusement, de quelque coin du pays que l’on soit, on croit avoir raison, défendant sa petite portion de vérité qu’il faut imposer aux autres, quitte à verser le sang de ses compatriotes pour cette cause.
Ce dialogue est donc venu à point nommé. Hier, les étapes communales et régionales ont permis de s’imprégner des particularités locales. Aujourd’hui, l’étape nationale a permis d’arrondir les vues et de faire un diagnostic plus approfondi de la situation réelle du pays. Parce que la vérité sur le Mali n’est que la somme de toutes les « petites » vérités. Ainsi, le Dialogue national inclusif apparaît aujourd’hui comme le miroir dans lequel les Maliens voient le reflet du véritable visage du pays. Ils ont désormais une idée exacte du nombre de plaies et de coups assenés par chacun et la réalité qu’on aura tenté d’habiller par des mots tout au long de la crise apparaît nue et toute crue. Les tueries fratricides, les grosses saignées économiques, la corruption et l’injustice sont avant tout l’œuvre des Maliens. Ce qui n’occulte en rien une éventuelle influence de certains facteurs extérieurs.
Le diagnostic ainsi posé, le remède n’est pas loin. Le DNI, c’est surtout une pluralité d’opinions et un brassage de conceptions qui font de lui le laboratoire où naissent les propositions de solutions adaptées à la situation réelle du pays. Il prend en compte les aspirations des uns et les soucis des autres.
Suivre les recommandations
Parlant du dialogue, un internaute a écrit sur Facebook : « Le Mali sera sauvé et une autre page s’ouvre ». Un autre s’exclame : « Les recommandations qui résulteront du DNI s’imposent à tous ». Mais peu enthousiaste, il conclut : « Le seul problème réside dans la mise en application ».
En effet, c’est ce qui adviendra de ces recommandations qui inquiète une bonne partie de l’opinion publique nationale. Le suivi des résultats des travaux du DNI n’incombe pas qu’aux autorités du pays, mais à l’ensemble des Maliens. La société civile, montée en puissance ces dernières années au regard du nombre de marches organisées, aura désormais une juste raison de montrer les dents. Cette fois-ci, il ne s’agira pas pour elle de sortir pour soutenir un camp donné sur une portion du territoire, mais de défendre ce que les Maliens, ensemble, dans leur diversité, ont souhaité faire du Mali. C’est ainsi que le Mali pourra renaître.