Au Mali, la population est majoritairement jeune. Mais il y a un cruel manque d’intérêt pour les questions politiques. Pour le blogueur Ib Togola, pour une élection valable, il faut miser sur la participation des jeunes électeurs en leur redonnant confiance.
« Le futur d’un pays repose sur sa jeunesse » est une formule que nous avons l’habitude d’entendre sur les lèvres des adultes et dans les discours de nos leaders politiques. Pourtant, cette jeunesse à laquelle on fait allusion est moins présente lorsqu’il s’agit des questions liées à l’avenir du pays, plus précisément à la politique.
La population malienne était estimée à environ 20 millions d’habitants (2020), selon les chiffres de la Banque mondiale. Majoritairement jeune, elle a du mal à s’intéresser au vote. Selon une étude des experts de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à la suite de l’évaluation du fichier électoral réalisée en 2018, lors des élections présidentielles maliennes seulement 22% des jeunes de 18 à 23 ans y figuraient.
« Crise de confiance »
« Le désintérêt pour les élections de certains jeunes s’explique par le manque de confiance aux promesses des hommes politiques. Ils pensent que les leaders politiques manipulent le peuple pour arriver à leur fin », explique Ballan Diakité, politiste malien. A cela, s’ajoute le fait que les jeunes ont à l’idée que tout effort qu’ils auront à fournir pour élire un candidat sera vain en raison du phénomène pernicieux de l’achat des consciences et de la fraude électorale. « Les jeunes préfèrent s’effacer », insiste Ballan Diakité.
Cette thèse est soutenue par certains jeunes pensent. Pour ces derniers, au Mali, politique rime avec manipulation. C’est la raison pour laquelle ils s’abstiennent. « Je n’ai jamais voté et je ne voterai jamais. J’ai autre chose à faire que de perdre mon temps pour l’intérêt des politiciens qui ignorent même mon existence », affirme Madani Coulibaly, un jeune de 25 ans, évoluant dans réparation des motos. Il estime que le vote ne concerne que ceux qui sont nourris par l’argent de l’État. « Le vote intéresse ceux qui sont payés par le gouvernement chaque fin de mois. Je vis de mon travail dans ce garage que vous voyez », conclut-il.
Instaurer la confiance
A l’instar de Madani, plusieurs autres jeunes pensent que participer aux élections revient à contribuer à la souffrance du peuple. A cet effet, ils ne s’intéressent que lorsqu’ils en tirent profit dans l’immédiat : « Si tu me vois voter ici au Mali, il faut qu’un de mes parents soit candidat ou que j’aie l’argent en poche d’abord », laisse entendre Aïssatou Diallo, une autre jeune, 29 ans. Pour elle, les hommes politiques ne font que duper le peuple lors des campagnes électorales. Elle rappelle les promesses pléthoriques faites au peuple lors des différentes élections et que les candidats foulent au pied une fois au pouvoir.
Ainsi, pour remédier à cette faible participation des jeunes aux élections, il va falloir travailler à instaurer une culture politique afin que les jeunes puissent mieux saisir l’importance du vote. Pour Ballan Diakité, « Il va falloir repenser la politique pour instaurer la confiance des jeunes ».