Carte nationale d’identité biométrique sécurisée : les mauvaises pratiques ont la vie dure
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Carte nationale d’identité biométrique sécurisée : les mauvaises pratiques ont la vie dure

Le processus de mise à disposition d’une pièce d’identité fiable et accessible aux Maliens suscite une nouvelle déception : problème d’organisation dans le processus de distribution, informations NINA erronées ou caduques non rectifiées sur les nouvelles cartes, paiement de dessous-de-table pour passer outre le rang et obtenir diligemment sa carte…

Après une première phase dite de mise à jour des données biométriques, le travail de mise à disposition des cartes biométriques sécurisées aux Maliens vient de connaître une phase décisive. Durant ces dernières semaines, de nombreuses cartes sont confirmées disponibles et accessibles pour le retrait. Les centres de distribution, partout à Bamako, sont bondés. Les agents distributeurs sont sollicités. À chaque lieu de distribution, sa façon de travailler. Les sollicitants sont appelés à s’inscrire sur des listes d’attente ou former une file indienne.

Certains renoncent à leur journée de travail pour se présenter dans les lieux de distribution désignés, espérant ainsi obtenir le précieux sésame. Peine perdue, ils n’y arrivent pas. Trop de monde. Et quand beaucoup arrivent à l’obtenir, le constat est triste : photo d’identité de plus d’une dizaine d’années inchangée ; erreurs sur l’ancienne carte NINA non rectifiées. Et comme on peut s’y attendre, pour obtenir sa carte, le phénomène connu de « bras long » ou de « dessous-de-table » est en vogue.

Frustrations

« Comment comprendre que la confection d’une simple pièce d’identité, si basique et indispensable pour un citoyen, puisse poser autant de problème ? », s’interroge un citoyen, très remonté, sur les réseaux sociaux. Il s’est rendu compte que ses informations d’identité truffées d’erreurs sur son ancienne carte NINA sont celles mêmes reportées totalement sur sa nouvelle carte biométrique. Lui qui, pourtant, a apporté à l’occasion de l’opération de mise à jour des données biométriques, toutes les pièces justificatives pour corriger ces erreurs qui lui ont rendu la vie si difficile durant de nombreuses années.

Nous avons approché un agent recenseur, qui a participé à l’opération de mise à jour de données. Il explique que cette opération ne concernait spécialement que la mise à jour des photos. Un argument qui ne convainc pas cet autre citoyen, qui s’est fait prendre une nouvelle photo, mais qui, pourtant, retrouve son ancienne image NINA datant de 2009, sur sa nouvelle carte biométrique. Il ajoute : « Si l’opération de mise à jour des données biométriques ne concernait que l’élément photo, pourquoi les agents recenseurs nous invitaient-ils donc à apporter tous les documents justificatifs pour corriger les anciennes erreurs et nous ont rassurés de leur prise en compte sur la nouvelle carte ?! » Sur les réseaux sociaux en particulier, et lors des émissions libre antenne radiophoniques, les frustrations sont vives. Que d’attentes déçues ! Les cartes biométriques sécurisées n’ont pas apporté du neuf.

Dessous-de-table

Pour éviter de se mettre dans une longue file d’attente et tout ce qui va avec comme tracasserie, la baguette magique des « bras longs » ou « des mains huilées » fait peser de tout son poids. Par les relations sociales, ou par un paiement conséquent de dessous-de-table, des citoyens arrivent à enfreindre la file d’attente et s’octroyer leur carte, au grand dam de ceux qui se mettent dans une file d’attente. M. Coulibaly témoigne : « On vous donne rendez-vous. Vous arrivez sur les lieux. Ils commencent l’appel, brusquement on vous dit, sans appeler votre nom, que la liste du jour est terminée. C’est fait exprès. Ceux qui refusent de rentrer chez eux prennent à côté plus tard les agents distributeurs. Moyennant de l’argent, on te livre ta carte. Tel est le système. »

Des retours positifs nous reviennent de certains centres du district de Bamako, à l’exemple de la mairie de Médina-coura, en commune II, où tous vantent la bonne organisation. « La mauvaise organisation est opérée à dessein. On fait tout pour vous faire traîner et venir à envisager la solution de filer un billet à un agent pour vite régler la situation », se plaint cette dame, qui s’est vue proposée le paiement d’une « prime d’encouragement » par un agent distributeur pour vite retrouver sa carte.

Obtenir la carte biométrique reste le seul espoir d’entrer en possession d’une pièce d’identité indispensable pour de nombreux citoyens, qui ne disposent plus ni de cartes NINA ni de cartes nationales d’identité (arrêt de fourniture). Ils sont donc prêts à passer par bien de souffrance pour obtenir la leur. Mais la déception vient vite, lorsqu’ils se rendent compte que ce document aussi est truffé d’erreurs.

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Les commentaires récents (12)

  1. Bonjour/bonsoir
    Je viens respectueusement auprès de nos ancêtres et nos autorités compétentes de voir la situation de la carte biométrique qu’une solution soit trouvée ceux qui ont des Nina contenant des erreurs,car 96% des populations ont les mêmes problèmes.
    C’est pourquoi beaucoup des personnes dont moi même je fais partie ne vois pas l’importance de ces documents qui ne ce correspond pas

    Je demande mes sincères excuses à tout le monde