L’État malien est le premier responsable de notre sécurité
article comment count is: 0

L’État malien est le premier responsable de notre sécurité

Le blogueur Anassa Maiga pense qu’au lieu de s’en prendre aux forces étrangères pour notre sécurité en réclamant leur départ, les jeunes maliens doivent d’abord demander des comptes à l’État malien.

Incontestablement, notre pays traverse les moments les plus critiques de son existence et, sans chercher loin, nous serons tous unanimes sur les causes de cette descente aux enfers. Je ne vais pas revenir là-dessus et perdre mon temps ainsi que mon énergie. Comme vous tous, je sais que nous aurons plus à gagner à mettre nos efforts à chercher les solutions à cette crise et à nous donner les moyens nécessaires pour nous en sortir.

Le départ des forces étrangères est-il la solution ? Je ne crois pas. C’est pourquoi, à chaque fois que j’entends ou vois des jeunes s’en prendre à raison ou à tort à la Minusma et à Barkhane, aller jusqu’à organiser même des manifestations pour exiger leur départ, je me dis que nous n’avons rien compris. Que nous sommes juste instrumentalisés, guidés par les durs et tragiques événements que nous vivons : ce qui nous fait perdre le combat.

L’échec des forces étrangères

Il est clair que la mission onusienne est un échec en matière de sécurisation des populations civiles et de leurs biens. Du centre au nord du pays où elle a déployé le plus grand nombre de ses moyens, il ne se passe une seule journée sans que des braquages, des vols, des assassinats, des tueries ne surviennent.

Quant aux forces françaises, Barkhane, en parler même donne de l’amertume. On se dit finalement qu’elles sont là pour tout sauf nous aider à sortir du trou. C’est pourquoi nous nous demandons tous les jours : « Que font-elles exactement au Mali ? »

Elles disent combattre les terroristes alors qu’elles sont accusées, dans l’opinion publique nationale, d’avoir fermé les portes de Kidal au Mali et aidé certains groupes armés politiques à se reconstituer en 2013 après leur intervention. Mais, sa seule présence sur notre territoire est déjà la preuve qu’on n’est pas capable de régler nous-mêmes nos problèmes.

Nous avons peut-être nos raisons d’en vouloir à ces « amis » du Mali. Nous avons toutes les raisons de vouloir qu’ils quittent notre pays. D’accord avec les slogans : « MINUSMA Dégage ! », « Barkhane Dégage ! ». Oui, mais et après?

Qu’en est-il de nos dirigeants ?

Qu’en-est-il de la responsabilité de nos propres Forces armées et de sécurité ? Que dire de l’absence de l’État dans beaucoup de zones de notre pays ? Je pense que nous aurons plus à gagner en marchant, en manifestant pour exiger de l’État qu’il soit présent sur toute l’étendue du territoire national, du moins, dans chaque coin et recoin où il y a un seul signe de vie malienne. Ce n’est pas le rôle des autres de nous sécuriser quand notre État lui-même semble nous abandonner.

Alors, au-lieu de demander tantôt à Barkhane, tantôt à la Minusma de dégager du Mali, parce que nous pensons qu’elles ont failli à leur mission de nous sécuriser, demandons d’abord et surtout, des comptes à nos dirigeants. C’est leur absence, leurs incompétences à trouver des solutions à la crise qui sont compensées par la présence des forces étrangères sur notre territoire.

Si nous voulons qu’elles partent, faisons d’abord en sorte que chacun joue le rôle qui est le sien. La société civile doit, par exemple, se dresser contre la corruption et le détournement des fonds destinés à la reconstruction d’une armée capable de sécuriser les personnes et leurs biens.

Il ne nous sert à rien de nous en prendre aux autres. Parmi eux, nous avons de réels amis qui ont payé le prix cher en venant nous aider. Le problème du Mali, ce sont d’abord et surtout nous-mêmes les Maliens. Alors, remettons-nous d’abord en cause.

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion